8. Il devient capable de mûrir les êtres, comme l’oiseau naît avec des ailes ; il reçoit un éloge considérable du Bouddha, et sa parole est agréable aux créatures.
Il montre une triple Application : application de force à permûrir les créatures ; application d’éloge ; application d’agrément de la parole.
Sens de fonction ; un vers.
9. Les six Super-savoirs, la triple science, les huit Libérations, les huit Suprématies, les dix Lieux de Totalité, les Unions sans nombre, voilà le Pouvoir qui appartient au Sage[1].
Le Pouvoir du Bodhisattva fonctionne en six manières : Supersavoirs, sciences, Libérations, Lieux-de-Suprématie, Lieux-de-Totalité, innombrables Unions.
Ayant ainsi montré le Pouvoir par un Indice de section à six Sens, il en magnifie la grandeur dans un vers.
10. Il a par une Maîtrise suprême acquis la Compréhension ; il a remis sous son empire le monde, qui ne se possédait plus ; il ne se plaît qu’à faire le salut des êtres ; il marche dans les existences comme un lion, le Sage.
Il montre la triple grandeur : grandeur de Maîtrise, puisqu’il a obtenu la Maîtrise suprême de la connaissance, et qu’il rend l’empire de soi au monde, qui était soumis à l’empire des Souillures ; — grandeur de sur-joie, puisqu’il se plaît toujours uniquement à faire le salut d’autrui ; — grandeur d’être affranchi de la crainte des existences.
- ↑ Il est inutile de donner ici tout au long l’énumération des vidyâ, vimokṣa, abhibhvâyatana, kṛtsnâyatana qui n’intéressent pas directement la doctrine de notre texte. Je me contente de renvoyer à la M. Vy., § 70 (vimokṣa), § 71 (abhibhv°), § 72 (kṛtsnây°). J’ignore ce qu’Asaṅga désigne ici par trividha vidyâ. En pali, les « trois sciences » tisso vijjâ sont ou bien la connaissance des trois vérités fondamentales, impermanence-douleur-impersonnalité, ou bien trois des six abhijñâ : pûrvanivâsa, divyacakṣus, âsravakṣanya. Cette dernière série est commune au pali et au sanscrit ; elle est enseignée dans un sutta de l’Aṅguttara I, 163 dont le correspondant se retrouve dans le Saṃyuktâgama, chap. 31 (éd. Tôk., XIII, 3, 83a).