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mônier. Les instructions de l’amiral étaient de commencer par la prédication de l’Évangile, et, s’il trouvait les cœurs mal disposés, d’en venir à la décision des armes ; instructions dignes de ce siècle, et très-peu conformes à l’esprit de l’Évangile. On supposait que le samorin se prêterait volontiers à l’établissement d’un comptoir ; Cabral devait le presser d’ôter aux Maures la liberté du commerce dans sa capitale. À cette condition, le Portugal offrait de lui fournir les mêmes marchandises à meilleur marché que les Maures. Cabral devait aussi relâcher à Mélinde pour y remettre l’ambassadeur que Gama en avait amené, et les présens qu’on envoyait au roi de la contrée.

La flotte mit à la voile le 9 mars, et le 24 avril on découvrit à l’ouest une terre que Gama n’avait point observée. Une tempête violente obligea les Portugais d’y relâcher. On célébra la messe sur le rivage, au grand étonnement des naturels du pays, qui accoururent en foule à ce spectacle, portant sur le poing de petits perroquets. Cabral appela ce pays terre de Sainte-Croix, à l’honneur de la croix que l’on avait élevée sur le rivage ; mais ce nom fut changé depuis en celui de Brésil, à cause d’un bois ainsi nommé qui y croît en abondance. On se remit en mer le 2 mai pour faire voile au cap de Bonne-Espérance. Le 12, on aperçut à l’est une comète, qui parut grossir continuellement pendant dix jours, et qui