Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/126

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La renommée les y avait devancés. Elle avait appris au samorin l’arrivée et les forces de ces marchands guerriers, dont il connaissait la valeur, et dont il devait craindre le ressentiment. Cependant il ne les croyait pas si proche de ses côtes, et Gama, en arrivant à la vue de la ville, se saisit de plusieurs pares, et d’environ cinquante Malabares, qui n’avaient pris aucune précaution contre une surprise. Il suspendit les hostilités pour attendre si le samorin donnerait quelque marque de soumission ou de repentir. Bientôt on vit arriver une barque qui portait un religieux franciscain. C’était un Maure déguisé sous cet habit, qui venait traiter avec l’amiral, de la part du samorin, sur l’établissement du commerce à Calicut. Gama répondit qu’il pourrait penser à cette proposition lorsqu’il aurait reçu du samorin une juste satisfaction pour la mort du facteur Corréa, et pour la perte des marchandises pillées dans le comptoir. Trois jours se passèrent en messages inutiles. Alors l’amiral fit déclarer au samorin qu’il ne lui donnait que jusqu’à midi pour se déterminer, et que si dans cet espace de temps il ne recevait pas une réponse satisfaisante, il emploierait contre lui le fer et le feu ; et s’étant fait apporter une horloge à sable, il répéta au Maure qu’il chargeait de ses ordres que, dès que cet instrument aurait fait tel nombre de révolutions, il exécuterait infailliblement ce qu’il venait de déclarer.