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ves. Ils livraient aux flammes les villes et les vaisseaux qu’ils prenaient. Cette manière de faire la guerre semblait justifier ceux qui les avaient représentés d’abord comme des pirates armés pour piller ou pour détruire, qui se déguisaient sous le titre de marchands. Cependant il est possible que, dans un pays étranger, détestés des Maures et suspects aux Indiens, forcés de recourir aux armes, et n’attendant aucun quartier de ceux qu’ils prêtendaient soumettre, ils fussent obligés d’inspirer une terreur qui leur servait de rempart. Mais au fond les Portugais avaient-ils le droit de dire aux rois de l’Inde : Nous nous établirons-dans vos états malgré vous ? Non, sans doute. Ils ne pouvaient avoir d’autre droit que celui de la force, droit qui rend toujours odieux celui qui l’exerce, et qui oblige de recourir à la cruauté pour appuyer l’injustice.

Avant de partir pour le Portugal, Soarez et Pachéco réunis laissèrent à Cochin Manuel Tellez Barrato avec quatre vaisseaux pour garder le port et défendre leur allié. Ils dirigèrent leur route sur Panami, ville appartenant au samorin, et qu’ils voulaient détruire en passant ; mais le vent les poussa dans une baie, où ils furent très-surpris de trouver dix-sept vaisseaux turcs montés de quatre mille hommes, et défendus par de l’artillerie. Rencontrer des ennemis, c’était alors pour les Portugais rencontrer des triomphes. La flotte barbare fut brûlée avec toute sa cargaison, et il