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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/172

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quêtes appartient à l’histoire, et n’entre point dans notre plan. Nous avons jeté un coup d’œil rapide sur les exploits des Portugais dans l’Inde, parce qu’ils sont nécessairement liés à leurs découvertes maritimes, et qu’il semble que le même courage ait animé ces peuples lorsqu’ils bravaient tous les dangers d’une mer inconnue, et lorsqu’ils défiaient des multitudes d’Indiens. Le goût des aventures et des entreprises extraordinaires, reste de ces moeurs de chevalerie qui avaient long-temps régné dans l’Europe, paraît s’être joint alors à la soif de l’or, qui, toute puissante qu’elle est, n’aurait pas suffi peut-être pour engager et soutenir ces intrépides navigateurs dans ces courses immenses qui sont sans contredit le plus bel effort de l’audace et de la patience humaine. Elles sont moins étonnantes aujourd’hui que l’expérience a diminué les dangers en augmentant les lumières, et que les établissemens multipliés dans ces mers offrent des relâches et des secours que n’avaient point les premiers vaisseaux qui ont couru sans guides dans ces espaces inconnus. C’est ici surtout que les premiers pas sont véritablement admirables et méritent une gloire unique. L’antiquité n’a rien connu de si grand ; mais elle a eu le talent de relever de petites choses ; et Vasco de Gama méritait mieux qu’Ulysse d’être le héros d’une Odyssée. Camoëns n’était pas sans génie ; mais il fallait pour son sujet d’autres pinceaux que les siens. Il fallait ce ton de gran-