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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/186

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principales ancres et le mauvais état de sa santé répandirent dans tout l’équipage un découragement général, et le désir de retourner en Europe fut plus fort que l’avidité du butin. Lancaster, obligé de repartir, passa par les Maldives, où il s’arrêta quelque temps : il aurait voulu, dans sa route, toucher aux côtes du Brésil, pour joindre à la gloire d’avoir parcouru les mers de l’Orient celle d’avoir visité le nouveau continent occidental ; mais tous ses gens s’obstinèrent à retourner directement en Angleterre. Les vents contraires et les calmes rendirent leur route si difficile et si longue, que, craignant de manquer de vivres, ils prirent le parti de relâcher dans l’île de la Trinité ; mais le peu de connaissance qu’ils avaient de ces mers, où ils voguaient pour la première fois, les égara long-temps. Ils furent jetés dans l’Archipel américain, où ils errèrent au hasard entre Saint-Domingue, Cuba, les Bermudes. Lancaster vit cette Amérique qu’il avait tant souhaité de voir ; mais il ne dut pas s’en applaudir. Une partie de son équipage, rebutée de tant de courses, et s’en prenant à lui de l’état misérable où l’on était réduit, l’abandonna dans la petite île de Mona, où il venait de relâcher pour la seconde fois. Le vaisseau mit à la voile et partit sans lui. Des armateurs de Dieppe le recueillirent et le ramenèrent en Angleterre.

On ne peut regarder comme un voyage l’expédition de Raleigh, de Burrough et de Fro-