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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/188

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fournir toutes les possessions espagnoles du Nouveau-Monde.

Enfin, lorsque l’Anglais Davis eut fait le voyage des Indes sur une flotte hollandaise, et eut procuré à sa nation des connaissances plus exactes et plus étendues qu’elle n’en avait eu jusqu’alors sur cette traversée si périlleuse et si lointaine, il se forma en Angleterre une nouvelle compagnie des Indes sous la protection de la reine Élisabeth, et avec un fonds de soixante-dix mille livres sterling. Le capitaine Lancaster, celui qui, le premier, avait pénétré dans la mer de l’Inde, et dont le retour avait été si malheureux, fut créé amiral de la première flotte équipée par cette compagnie, et Davis en fut le pilote. L’amiral était un homme sage et humain, et ses infortunes n’avaient fait que fortifier en lui ses qualités naturelles : car le malheur doit ajouter à la sensibilité autant qu’à l’expérience. Il ne fut pas long-temps sans avoir besoin de l’un et de l’autre. Il vit tous les gens de sa flotte accablés de maladies qui ne manquent pas de se faire sentir lorsqu’on est arrêté trop long-temps près de la ligne. Le scorbut faisait des ravages affreux, et les vents contraires et les calmes empêchaient la flotte de gagner la baie de Saldagna, relâche ordinaire dans cette route, et le seul lieu de rafraîchissement où les Anglais pussent arriver. Ils durent leur salut aux soins paternels et à la vigilance de l’amiral. De quatre vaisseaux qui composaient sa flotte, le sien seul était encore