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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/205

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du port, séparé de la terre, et bordé de trente pièces de canon. Il soupçonnait si peu les Guzarates, qu’il convint avec eux qu’ils entreraient les premiers dans le port, et qu’il attendrait leurs informations. Ils avertirent le gouverneur turc qu’ils étaient suivis d’un vaisseau anglais qui avait jeté l’ancre à deux milles du port. Un officier de la ville fut envoyé aussitôt dans une barque, pour engager les Anglais à s’approcher sans défiance. Il paraît que l’aventure de Pemba ne les avait pas rendus plus soupçonneux. Sharpey descendit au rivage avec quelques-uns de ses gens, et se laissa conduire devant le gouverneur, qui, après quelques questions, l’envoya, sous la garde d’un chiaoux et de quelques janissaires, dans une maison voisine, où il fut retenu avec les siens durant plus de six semaines. Au bout de ce temps, un officier vint le prier civilement de la part du gouverneur d’envoyer des ordres à son vaisseau pour faire débarquer du fer, de l’étain et du drap, jusqu’à la valeur de deux cent cinquante piastres, en promettant de payer ces marchandises. Elles furent amenées au rivage ; mais, en y arrivant, elles furent saisies par les officiers de la douane, qui prétendirent qu’elles leur appartenaient pour leurs droits. Il porta ses plaintes au gouverneur, qui l’exhorta fort doucement à ne point s’offenser des usages du port, et lui dit que, s’il n'était pas content, il était le maître de retourner sur son vaisseau.