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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/224

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futur ; car chaque communauté avait toujours deux souverains, un vivant, et l’autre mort. Lorsqu’ils perdaient leur chef, ils lavaient son corps avec beaucoup de soin, et, le plaçant debout dans une caverne, ils lui mettaient à la main une sorte de sceptre, avec deux cruches à ses côtés, l’une de lait, l’autre de vin, comme une provision pour son vovage.

Leurs armes étaient des pierres, avec une sorte de dards endurcis au feu, qui les rend aussi dangereux que le fer. Pour cottes de mailles, ils s’oignaient le corps du jus de certaines plantes mêlé de suif ; cette onction, qu’ils renouvelaient souvent, leur rendait la peau si épaisse, qu’elle servait encore à les défendre contre le froid.

Il paraît que chaque canton avait ses usages et son culte de religion particuliers. Dans l’île de Ténériffe, on ne comptait pas moins de neuf sortes d’idolâtrie ; les uns adoraient le soleil, d’autres la lune, les planètes, etc. La polygamie était un usage général ; mais le seigneur avait les premiers droits sur la virginité de toutes les femmes, qui se croyaient fort honorées lorsqu’il voulait en user. On voit que partout la volupté est entrée dans les usurpations du despotisme le plus grossier.

Ils conservèrent long-temps une pratique fort barbare. À chaque renouvellement de seigneur, quelques jeunes personnes s’offraient pour être sacrifiées. Il y avait une grande fête, à la fin de laquelle ceux qui voulaient lui don-