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pagne. Il y a quatre autres villes, dans l’île de Ténériffe : Santa-Cruz, Orotava, Rialejo et Garachico. Avant la conquête, cette île avait sept rois, qui vivaient dans des cavernes comme leurs sujets, qui se nourrissaient des mêmes alimens, et qui n’avaient pour habits que des peaux de boucs.

Ténériffe, quoique la seconde des îles Canaries en dignité, est la plus considérable par l’étendue, les richesses et le commerce.

La plupart des maisons de Laguna sont ornées de jardins, et de parterres ou de terrasses sur lesquelles on voit régner de belles allées d’orangers et de citronniers. La principale fontaine est conduite jusqu’à la ville par des tuyaux de pierre élevés sur des piliers. Ses jardins, ses allées d’arbres, ses bosquets, son lac, son aqueduc, et la douceur des vents dont elle est rafraîchie, la font passer pour une habitation délicieuse.

Son lac est couvert d’oiseaux de mer. Ses faucons sont fort renommés. C’est un spectacle très-agréable que de voir les nègres occupés à les chasser, et même à les combattre ; ils sont beaucoup plus gros et plus forts que ceux de Barbarie. Le vice-roi, assistant un jour à cette chasse, et voyant le plaisir que sir Edmond Scory y prenait, l’assura qu’un faucon qu’il avait envoyé en Espagne au duc de Lerme était revenu d’Andalousie à Ténériffe ; c’est-à-dire que, s’il ne s’était pas reposé sur quelque vaisseau, il avait fait d’un