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une eau claire qui tombe dans des fosses creusées exprès. Ils ajoutent qu’elle est excellente à boire. Dans un autre endroit, ils citent le milieu de l’île, qui est très-haut, comme couvert d’une immense forêt de pins. L’état des choses a pu changer depuis le temps de ces deux écrivains ; mais ce qu’ils racontent explique parfaitement le merveilleux.

« Un autre témoignage va fixer le degré de croyance que l’on doit accorder à l’histoire du singulier arbre de l’île de Fer. Abreu Galindo, dans son traité manuscrit des Canaries, conservé dans les registres du pays, dit qu’il voulut voir par lui-même ce que c’était que cet arbre. Il s’embarqua donc et se fit conduire à un lieu nommé Tigulahe, qui communique à la mer par un vallon, à l’extrémité duquel, contre un gros rocher, se trouvait l’arbre saint que dans le pays on nomme garoë. Il ajoute que c’est mal à propos qu’on l’a nommé til ou tilo (tilleul), parce qu’il n’y ressemble pas du tout. Son tronc a douze palmes de circonférence, quatre pieds de diamètre, et à peu près quarante pieds de hauteur ; les branches sont très-ouvertes et touffues ; son fruit ressemble à un gland avec son capuchon ; sa graine a la couleur et le goût aromatique des petites amandes que contiennent les pommes de pin. Il ne perd jamais sa feuille, c’est-à-dire que la vieille ne tombe que quand la jeune est formée ; et cette feuille est comme celle du laurier, dure et luisante, mais plus grande, courbée, et assez large. Il y a tout