Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

giner, avec les auteurs de quelques relations, que la respiration soit difficile au sommet du pic ; il rend témoignage qu’il n’y respira pas moins qu’au pied ; il n’y mangea pas non plus avec moins d’appétit. Ayant le lever du soleil, il trouva l’air aussi froid qu’il l’eut jamais ressenti en Angleterre dans les plus rudes hivers. À peine put-il demeurer sans ses gants. Il tomba une rosée si abondante, que tout le monde eut ses habits mouillés. Cependant le ciel ne cessa point d’être fort serein. Un peu après que le soleil fut levé, ils virent sur la mer l’ombre du pic, qui s’étendait jusqu’à l’île de Goméra, et celle du sommet leur paraissait imprimée dans le ciel comme un autre pain de sucre. Mais, les nuées étant assez épaisses autour d’eux, ils ne découvrirent pas d’autres îles que la grande Canarie et Goméra.

À six heures du matin, ils pensèrent à partir pour retourner sur leurs traces. À sept heures, ils arrivèrent près d’une citerne d’eau qu’ils n’avaient pas remarquée en montant, et qui passe pour être sans fond. Leur guide les assura que c’était une erreur, et que sept à huit ans auparavant il l’avait vue à sec pendant les agitations d’un furieux volcan. Édens jugea que cette citerne peut avoir trente-cinq brasses de long sur douze de large, et que sa profondeur ordinaire est d’environ quatorze brasses. Elle a, sur ses bords une matière blanche que les Anglais, sur la foi de leur guide, prirent pour du salpêtre. Il s’y trouvait aussi, dans