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opération, que la bonde soit ouverte, et qu’il puisse recevoir de l’air.

Le produit d’un vignoble se partage, dit-on, avec égalité entre le propriétaire et ceux qui cueillent et pressent le raisin. Cependant on voit la plupart des marchands s’enrichir, tandis que les vignerons et les vendangeurs languissent dans la pauvreté. Les jésuites, étant en possession du meilleur vignoble de Malvoisie, en tiraient un profit considérable.

On compte qu’année commune, l’île de Madère donne vingt mille pipes de vin. Il s’en consomme huit mille entre les habitans, et le reste se transporte aux Indes occidentales et dans d’autres pays, mais particulièrement à la Barbade, où les Anglais le préfèrent à tous les vins de l’Europe.

Atkins prétend, comme Ovington, que les cendres des bois brûlés, aux premiers temps de la découverte, donnèrent beaucoup de fécondité aux cannes à sucre ; mais qu’un ver, qui commença bientôt à s’y introduire, ayant ruiné les plantations, elles furent changées en vignobles, qui dédommagèrent les habitans par l’excellence de leurs vins. La vendange se fait aujourd’hui dans le cours des mois de septembre et d’octobre, et le produit annuel monte à vingt-cinq mille pipes. Suivant le même auteur, Madère n’a proprement que deux sortes de vins : l’un brunâtre, l’autre rouge, qu’on nomme tinto, et qui, suivant l’opinion commune, tire ce nom de ce qu’en