Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/309

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tué, s’il n’eût été retenu par son voisin. Il sauta sur l’autre, en répétant plusieurs fois que l’Angleterre n’avait pas d’autre roi que le prétendant. Ses voisins l’arrêtèrent encore. Le maître canonnier, qui était à table, nomme considéré dans sa troupe, se leva d’un air ferme, et s’adressant à la compagnie : « Messieurs, dit-il, si notre dessein est de soutenir les lois qui sont établies et jurées entre nous, comme je vous y crois obligés par les plus puissans motifs de la raison et de notre propre intérêt, il me semble que nous devons empêcher Jean Russel de les violer dans les accès de sa fureur. » Russel, qui n’était pas encore revenu à lui-même, entreprit de défendre sa conduite ; mais le canonnier, s’adressant à lui du même ton, lui déclara qu’on ne lui avait pas donné le pouvoir de tuer un homme de sang-froid, sans le consentement de la troupe, qui avait les prisonniers sous sa protection. « Je vois, ajouta-t-il, que ce qui vous irrite est de n’avoir pu violer nos articles au sujet de Roberts ; on saura mettre un frein à vos emportemens, et garder le prisonnier jusqu’à demain pour le mener à bord du général, qui ordonnera de son sort avec plus d’équité. » Toute la compagnie paraissant approuver ce discours, Russel, à qui l’on avait ôté ses armes, reçut ordre de demeurer tranquille, s’il ne voulait offenser la troupe, et se voir traiter comme un mutin. Le canonnier dit à Roberts qu’on l’aurait conduit sur-le-