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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/338

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midité de la nuit formait une espèce de ciment qui les arrêtait. Sur ce raisonnement, dont Roberts ajoute qu’il reconnut la vérité par son expérience, on ne pensa qu’à retourner au lieu d’où l’on était parti. Domingo proposa de faire venir une barque pour gagner la ville par la voie de la mer. Quoique ce dessein demandât plusieurs jours, Roberts se vit forcé d’y consentir par les premières atteintes d’une fièvre violente. Tant de chagrins et de fatigues, joints à l’ardeur excessive du soleil qu’il fallait essuyer continuellement, avaient épuisé ses forces. Il tomba dans une maladie si dangereuse, que pendant plus de six semaines son matelot et Franklin désespérèrent de sa vie. Les Nègres lui rendirent plus de services et de soins qu’il n’aurait pu s’en promettre dans la région la plus polie de l’Europe et la plus affectionnée aux Anglais. Enfin, lorsqu’il fut en état d’entrer dans la barque, les Nègres, qui se chargèrent de le conduire avec Domingo, prirent au sud-ouest, et trouvèrent toujours la mer fort calme ; au lieu que de l’autre côté le vent ne cesse pas de se faire sentir, surtout à mesure que le soleil s’approche du méridien. On arriva le soir à Furno, où Roberts trouva un cheval du gouverneur, sur lequel il monta pour se rendre à sa maison. Ce n’était proprement qu’une cabane. Il y fut reçu fort civilement ; mais ayant promis à Domingo de loger chez lui, il se rendit ensuite chez le signor Antonio, père de ce Nègre. On y avait déjà pris soin de lui préparer un lit,