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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/373

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quelques habitans, qui s’informaient soigneusement de sa santé, et qui lui apportaient quelque pièce de volaille ou quelque fruit. Le gouverneur même le visitait tous les jours, et luienvoyait deux ou trois fois la semaine un quartier de chevreau.

Il n’y a pas plus d’un siècle que l’île de Saint-Jean est peuplée. Pendant plusieurs années, ses habitans se réduisirent à deux familles nègres, jusqu’en 1680, que, la famine ravageant l’île de Fuégo, quelques pauvres habitants de cette île passèrent dans celle de Saint-Jean sur un bâtiment portugais. Ils furent reçus avec joie par les Nègres de cette île, qui avaient déjà fort augmenté le nombre de chèvres, de vaches, et surtout de porcs, que les Portugais avaient laissés dans l’île en la découvrant. La compassion naturelle porta les Nègres à leur donner une partie de leurs bestiaux. Il arriva de là que chacun entreprit de nourrir séparément les siens, et que, le goût de la propriété prenant naissance, celui qui eut l’habileté d’en élever et d’en nourrir un plus grand nombre, passa pour le plus riche. Il n’y eut que les chèvres qui furent laissées dans les montagnes, et qui continuèrent d’êtres sauvages.

Les nouveaux habitans de Saint-Jean apprirent aux autres l’art de filer le coton, qui croissait naturellement dans l’île, et d’en faire une sorte d’étoffe pour se couvrir ; car ils étaient nus auparavant, comme la plupart des Nègres de la côte de Guinée. Ils leur commu-