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les habitans font de la mélasse. Ils ont des vignes dont ils tirent, dans les bonnes années, soixante ou quatre-vingts pipes d’un vin tartreux. Roberts en apprit la quantité par la dîme du prêtre. Le prix ordinaire est de trois livres sterling par pipe ; mais il est rare qu’on en trouve encore vers le temps de Noël ; et la vendange de l’île se fait aux mois de juin et de juillet.

On y trouvait autrefois beaucoup de sang-de-dragon ; mais l’arbre qui le produit y est devenu si rare, que Roberts doute si l’on recueille annuellement vingt ou trente livres de cette résine, et le plus souvent corrompue et falsifiée. Les habitans attribuent la ruine de leurs arbres au pirate Avery, qui, ayant brûlé leur ville et coupé leurs figuiers pour faire des chaloupes et des canots à sa flotte, les mit dans la nécessité d’employer leurs dragonniers à faire les lambris et les planches de leurs nouveaux édifices. En effet, on ne voit guère d’autre bois dans leurs maisons quoique, étant creux, avec peu de dureté dans sa substance, il ne soit pas extrêmement propre à bâtir.

Avant la dernière famine, les chèvres, les porcs et la volaille étaient fort communs à Saint-Nicolas ; mais, quoique cette calamité n’ait duré que trois ans, Roberts assure qu’elle y avait causé plus de ravage que dans toutes les autres îles, parce que le pays n’ayant guère d’autre commerce que celui des ânes, souvent il n’y paraissait pas un vaisseau dans l’espace