Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Anglais, et dont tout le poids retombait désormais sur lui seul. Il était difficile, en effet, de revenir de si loin sur ses pas. La machine était montée, il en eût trop coûté de la reconstruire et de la simplifier ; d’ailleurs le changement de forme dans les volumes subséquens, n’eût servi qu’à décréditer les premiers. Il poursuivit donc sa route sans regarder derrière lui, et arriva jusqu’au quatorzième volume où finissait son ouvrage, sans fournir aux lecteurs un fil qui pût les conduire dans les sentiers tortueux et innombrables, dans les landes arides de ce vaste labyrinthe où il s’était enfoncé avec eux.

En effet, que l’on consulte ceux qui ont feuilleté cette énorme compilation, dont le fonds était si riche et qui pouvait réunir tant d’agrément à tant d’instruction, ils vous diront tous que le livre leur est tombé cent fois des mains y et ceux qui ont mis le plus de constance à le lire, le regardent comme un livre plus fait pour être consulté que pour être lu de suite. Et cependant, quel ouvrage plus susceptible d’une lecture suivie et agréable qu’une relation de voyages ?

D’où vient donc que cette compilation de l’abbé Prévost, si intéressante et si curieuse dans quelques parties, est en total si fastidieuse et si pénible à lire ? Il s’en offre bien des raisons.

1o. Il n’y a nul choix, nulle sobriété dans l’emploi des matériaux : tout y est indistinctement mis en œuvre ; et pour un voyage vraiment digne d’attention par une découverte importante, par des connaissances exactes, par des détails attachans, il y en a dix qui ne contiennent que des aventures communes, des vues superficielles, des descriptions rebattues. On a surtout entassé les uns sur les antres de simples journaux de navigation, qui n’ont d’autre objet que de nous dire qu’un tel jour