Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/143

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déclarant que l’eau de ce puits possédait une pureté incomparable, qu’elle s’en servait pour sa toilette, et que, seule, cette eau pouvait conserver la blancheur de son teint.

Mais, cette fois, Ondine ne s’inclina pas devant la volonté de Bertalda. Elle répondit, d’un ton doux quoique ferme, qu’elle était seule maîtresse en sa demeure et ne devait de comptes qu’à son époux et seigneur.

— Voyez ! voyez ! s’écria la jeune fille avec colère, cette eau transparente s’agite, moutonne et s’enfle ! On dirait qu’elle a compris qu’on allait lui dérober les chauds et clairs rayons du soleil et la priver de ce pour quoi elle a été créée : refléter joyeusement les visages humains !

En effet, l’eau grondait et bouillonnait au fond du puits, comme si quelque chose eût voulu en jaillir. Ondine réitéra plus énergiquement son ordre ; mais déjà les serviteurs, heureux de lui être agréables et de désobéir à l’impérieuse Bertalda, avaient soulevé la pierre et la déposaient sur l’orifice du puits. Dès que ce fut fait, Ondine se pencha sur la pierre et y traça, avec son doigt, quelques signes. Lorsqu’elle s’éloigna, les serviteurs s’approchèrent et se demandèrent avec surprise de quel instrument aiguisé elle avait bien pu se servir pour tracer ces signes étranges qui ne se trouvaient pas auparavant sur la pierre.

Le soir, Bertalda attendit le retour du chevalier pour se plaindre en pleurant du procédé d’Ondine. Huldbrand