Aller au contenu

Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À ces mots, le chevalier bondit, et arrachant des mains d’Ondine le merveilleux collier, il le lança dans le fleuve en s’écriant :

— Ainsi, tu es toujours en relation avec ces êtres maudits ! Eh bien ! reste donc avec eux, magicienne, sorcière ! Va les rejoindre, eux et leurs présents, et nous autres hommes, laisse-nous en paix !

L’infortunée Ondine jeta sur son bien-aimé un long regard désespéré ; ses yeux s’emplirent de larmes et sa main retomba défaillante. Pendant quelques minutes, elle pleura silencieusement, debout, la tête baissée, comme un petit enfant injustement grondé ; puis, relevant lentement la tête, elle murmura :

— Hélas ! mon amour, il faut que je te quitte ! C’en est fait de mon bonheur, mais je t’en conjure, sois fidèle à mon souvenir, afin que je puisse continuer à te protéger. Hélas ! hélas ! il faut partir, dire un éternel adieu à la vie si belle que j’aimais tant ! Qu’as-tu fait, mon ami ? hélas !

Elle se tenait en parlant sur le bord de la barque et, soudain, on ne la vit plus. Était-elle tombée dans le fleuve ? Son corps venait-il de se fondre en écume ? On ne le sut point, mais on ne la revit jamais. Pendant quelques instants, de petites vagues battirent les flancs du navire, avec un murmure où l’on croyait distinguer imperceptiblement ces mots plaintifs : « Hélas ! hélas ! sois fidèle ! hélas ! »

Huldbrand, après une terrible crise de désespoir, gisait maintenant évanoui sur le pont du bateau.