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Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/69

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« Là-dessus, il me sembla que la terre s’ouvrait tout à coup sous mes yeux. Dans un abîme sans fond, je vis une troupe de nains aussi hideux que mon petit compagnon, occupée à manipuler des métaux précieux, à échafauder des colonnes de pièces d’or qu’ils renversaient ensuite en se jouant. Tous gesticulaient, riaient d’un air sardonique, poussaient des cris sinistres, tendaient vers moi des poings menaçants, ou bien me désignaient de leurs doigts crochus, noircis de fumée. C’était l’enfer même : fuir, fuir, je ne pouvais penser à autre chose, et c’était tout ce que la nature pouvait m’ordonner de faire. Je donnai donc de l’éperon à mon cheval qui repartit dans un galop furieux.

« Plus tard, autre aventure. J’avais fini par retrouver le chemin de la ville et je voulais m’y engager. Une étrange figure se dressa alors devant moi et m’empêcha de passer. J’essayai de la contourner ; elle revint se placer juste à la tête de mon cheval. J’allai droit sur elle, déterminé à passer au travers s’il le fallait ; mais une telle trombe d’eau écumante jaillit à ce moment de la mystérieuse figure que j’en fus aveuglé et que je dus rebrousser chemin. Une seule route s’offrait à moi d’autre part ; je la pris. C’est celle qui m’a conduit jusqu’à cette prairie verdoyante et jusqu’à cette cabane hospitalière. »

Le vieux pêcheur félicita Huldbrand sur l’heureuse façon dont il avait échappé à ses persécuteurs ; puis, il