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(c) trois catégories suivant que le saṃskāra appartient au corps ; à la voix ou à la pensée, respectivement 1) inhalation et exhalation ; 2) considération (vitarka) et réflexion (vicāra) : « car on parle après avoir considéré et réfléchi » ; 3) notion et « feeling » (saṃjñā et vedanā), Majj., i, p. 301, Saṃ., iv. 293 ; Vibhaṅga, 135, SBE. xiii, 76.

Les catégories (c) s’expliquent par l’interprétation de saṁskāra dans le sens de « ce qui fait tenir ensemble », « ce qui forme » le corps, la voix, l’esprit ; les catégories (a), par leur caractère moral, rapprochent la notion de saṃskāra de celle d’opération, d’action, d’acte, karman, jusqu’à confondre les deux notions[1] ; elles supposent pour saṃskāra la traduction, que nous rencontrons en effet, « pensée », « réflexion », « volition » (cetanā, saṃcetanā), laquelle pensée ou volition est relative aux six objets de connaissance, d’où les catégories (b) (Saṃ., iii, 60)[2].

2. Un autre passage du Saṃ. (ii, 65) fournit les équivalences, cetanā, prakalpa, anuśaya, « volition », « imagination », « aspiration », ou, plus exactement et d’une manière plus générale, « conception » : l’idée « je suis » est un saṃskāra (Saṃ., {{rom-min|iii, 46, 96), c’est-à-dire un saṃkalpa, une construction (fausse) de l’esprit : Ô amour, je connais ton origine ; tu nais de l’imagination (saṃkalpa), je ne t’imaginerai plus, et tu ne te renouvelleras plus pour moi ! »[3].

Les saṃskāras sont le domaine ārammaṇa voir Kern, Manual, p. 57) sur lequel la pensée (Majj., iii, 99), ou l’intelligence (vijñāna, Saṃ., ii, 65), prend point d’appui (paṭiṭṭhā) pour durer et se développer. Ce faisant, la pensée renouvelle les saṃskāras, se complaît[4] dans les imaginations qui doivent tourner à

  1. Il faut donc approuver Childers (p. 359) et Warren (p. 84) de substituer karman à saṃskāras, en tant que membre de la chaîne causale. C’est ce que font les traducteurs tibétains, voir JPTS. 1886, 29. Upadhi aussi est traduit par las.
  2. On a abhisaṁskaronto = abhisaṃcetayanto, abhisaṃskaroti = cetayate etc., voir Oldenberg, Buddha5, p. 286. n. 2, 289, n. 1, — cetanā remplace saṃskāras dans une liste des skandhas (AKV. 244 a).
  3. Udānavarga, ii, 1 ; Madh. vŗ. 350,11 ; 45,12.
  4. Je lirais volontiers abhisammoditam, odayitam, Mahāvastu, i, p. 26, 7.