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Page:La Vallée-Poussin - Bouddhisme, études et matériaux.djvu/58

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distingue le dhàtu interne et externe, « l’assumé » et le « non assumé » (upàdinna) (1), c’est-à-dire l’élément terre (eau, etc.) du corps et l’élément terre extérieur ; et il spécifie le rôle des divers dhâtus dans la constitution et la vie organique du corps. Le Majjhima, ii, 17, omet l’espace ; il insiste sur la distinction du corps, formé des quatre éléments (terre, etc.), provenant du père et mère, s’accroissant par l’alimentation, et de « ce mien vijñâna » qui est lié au corps.

La scolastique (sanscrite) (2) a su tirer un heureux parti de ces indications ; profitant de la vieille phraséologie qui employait notamment deux termes, hetu et pratyaya, comme pour épuiser le concept de cause, elle affecte de voir dans les hetus des causes successives, pour mieux dire des aspects particuliers et successifs de la chose elle-même (en fait, du vijñâna), et dans les pratyayas des causes générales, des conditions permanentes du développement. On distinguera donc dans le Pratîtyasamutpâda deux « combinaisons » (upanibandha), la première de hetus, à savoir les douze membres (anga), qui sont liés par leur causation successive (ils naissent en raison l’un de l’autre), la seconde de pratyayas, à savoir les dhâtus, terre, eau, feu, vent, espace, intellect, dont la concurrence (samavâya) constitue la « combinaison » : la chaîne des hetus (c’est-à-dire des aspects de l’élément intellect) se développe en raison de cette concurrence (3).

5. Le principe de la « production en raison des causes »

    des termes fort semblables à ceux des sources bouddhiques ; Windisch, Buddha’s Geburt (p. 47, 86) compare Gaudapâda ad Sâmkhyakârikâ, 39. L’influence bouddhique est possible. (1) Voir ci-dessus, p. 29. (2) Sàlistambasûtra, cité dans Madhyamakavrtti, p. 561. (3) Voir Nettipakarana, p. 78-80, la semence est le hetu de la pousse, car elle est cause propre de la pousse, et la pousse est de la nature de la semence ; la terre et l’eau sont pratyayas, causes ou conditions générales. — Pour la lampe, la mèche, l’huile, etc, sont pratyayas et non pas hetus : le hetu, c’est la flamme qui doit avoir existé d’abord pour exister plus tard ; l’huile, la mèche ne produisent pas la flamme. Le hetu est l’être même (svabhâva), il est interne, producteur, particulier, il est « cause » ; le pratyaya est « autrui », externe, auxiliaire (parigrâhaka), général : c’est un « coefficient ».