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Dans la scolastique, pratyaya est employé comme le nom générique de toutes les causes[1] ; toutes les sources opposent « le pratyaya qui s’appelle hetu. » (hetupratyaya) aux autres pratyayas.

La différence, essentielle en effet, est celle que nous avons signalée ci-dessus p. 44 : le hetu engendre (janaka), fait exister (nirvartaka), il est vraiment cause ; les autres pratyayas sont des conditions, des coefficients ou auxiliaires (sahakārin, parigrāhaka, upāya).

L’Abhidharma pāli (Dukapatthāna, Visuddhimagga xvii) énumère 24 pratyayas : hetu, ārammāṇa, adhipati, anantara, samanantara, sahajāta, aññamañña, nissaya …. purejāta, pacchājāta, āsevana, kamma, vipāka, āhāra ….

Les sources sanscrites[2] citent un texte sacré (pravacana) qui n’existe pas dans tous les canons : « Il y a quatre pratyayas, hetu, ālambana, anantara, adhipati », et affirment qu’il n’y a pas de cinquième pratyaya : le sahajāta, le paścājjāta, etc. rentrent dans les quatre[3].

Les définitions coïncident, sauf en ce qui concerne le [sam]anantara[4]. D’après les Mādhyamikas[5] :

1. Ce qui produit, ce qui engendre une chose, constituant la graine (bīja), c’est le hetupratyaya.

2. Le point d’appui, semblable à un bāton d’appui, grâce auquel sont engendrés la pensée et ses succédanés (citta-caitta)

  1. Voir Duka, p. 3 et suiv., Vibhaṅga, index (hetu, paccaya…) ; Kathāv. XV, 1-2 ; Psychology, 274, Nettip. 78, 54, Sumaṅgala, 125 ; Visuddhi, JPTS. 1893, 109, 138.
  2. Mahāvyutpatti, 115 ; Madhyamahavṛtti, p. 77 ; Madh. avatāra, 87.15 ; Abhidharmakośav. Burn. 157 a.
  3. « Quelques-uns » (une variété de Sarvāstivādins) dans Bhavya (fol. 184), Rockhill, Life p. 196, distinguent 7 pratyayas à savoir les quatre et karma, āhāra, niśraya (rten).
  4. Pas de distinction entre samanantara (forme ordinaire) et anantara (exigé par le mètre), voir Madh. vṛtti, p. 85, n. 3 ; mais la glose de l’Ahbhidh.k.v. ci-dessous p. 54, n. 2.
  5. Les définitions qui suivent (1-4) sont fournies par les sources mādhyamikas (Madhyamakavṛtti, p. 77 et suiv. ; Madh. avatāra, p. 88.10 du texte ; voir trad. et notes) comme traditionnelles « iti lakṣaṇāt ».