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souvenirs

À Nîmes, à peu près à la même époque, les enfants promènent dans les rues la Reine Maïa[1]. Enfin, par toute la Provence, la fête de la Maye se célèbre, le 1er mai, avec le même cérémonial.

Il n’y a pas encore très-longtemps, la Reine Maïa était également connue en Espagne, où elle parcourait les villes, escortée d’un grand nombre de jeunes garçons et de jeunes filles[2]. — Enfin, la Reine de Mai figurait sur l’ancien théâtre anglais[3].

Toutes ces reines représentent sans doute le printemps qui renaît, la Terre-mère, l’alma Tellus, fêtée, dans nos manches, par ceux qui la fécondent, par ceux qu’elle nourrit. Cela est d’autant plus vraisemblable, qu’au dire de certains mythologues, Maïa et Cybèle ne font qu’une seule et même déesse[4].

Le culte de Maïa est l’un des plus doux, l’un des plus gracieux souvenirs que les tribus gauloises aient apporté du fond de l’Asie, leur berceau. — D’après les Védas, « Maïa ou Maya est la mère universelle, la nature, la fille, la sœur et l’épouse de Brahm, la volonté du maître suprême, son énergie première… C’est elle qu’une secte nombreuse adore encore aujourd’hui dans l’Inde, sous des noms divers, comme la grand’mère[5], la mère universelle, en un mot, comme la nature divinisée…[6]. » — Selon M. Guigniaut, « Maya est la mère de l’amour ; elle est le premier principe de toute affection, de toute création, de toute matière ; elle est la matière même, mais la matière primitive, subtile, coexistant avec Dieu de toute éternité. »

  1. Millin, Voyage dans le midi de la France.
  2. Konigsmann, de Antiquitate et Usu betulœ pentecostalis, p. 18.
  3. « Maid Marian, as Queen of May, has a golden crown on her head, and in her left hand a red pink, as emblem of summer. » (Brand, Observations on popular Antiquities, t. I, p. 142, éd. d’Ellis.)
  4. Dictionnaire abrégé des mythologies.
  5. Chez les Serbes, Maïa signifie grand’mère.
  6. Daniélo, Histoire et tableau de l’univers, t. III, p. 93 et 94.