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du vieux temps

Cette espèce de régénération, de baptême par le feu, était l’un des principaux rites religieux parmi les nations qui adoraient le soleil. Les Chananéens, aux superstitions desquels Moïse fait ici allusion, ainsi que les Phéniciens, les Carthaginois, etc., professaient le sabéisme ou culte du feu, et le dieu qu’ils nommaient Bel, Belus, Baal ou Moloch, n’était pas autre chose que le soleil. On a vu que les Gaulois, nos ancêtres, sous des appellations analogues (Bel, Belenus), rendaient également un culte à cet astre. Ils lui attribuaient, — chose à noter, — le pouvoir d’éloigner les maladies[1]. Enfin, en Écosse, où la religion de Baal persista si longtemps, le baptême du feu n’a pas cessé d’exister. Les montagnards de ce pays sont encore dans l’usage de mettre leurs enfants dans un sac avec des fragments de pain et de fromage et d’exposer le tout aux flammes[2].

Les coutumes écossaise et berrichonne, quant à ce qui concerne la suspension des enfants au-dessus des brasiers, peuvent aussi être considérées comme un souvenir ou une imitation, plus ou moins atténuée, des barbares sacrifices que l’on offrait, chez certains peuples, à Baal ou à Moloch, dont les statues d’airain, à tête de taureau et à poitrine d’homme, contenaient plusieurs cavités, où l’on enfermait, dans les unes, des enfants ; dans les autres, de la farine, des singes, des brebis, etc., que dévoraient d’immenses bûchers allumés aux pieds des idoles[3]. Affreux holocaustes que l’on retrouve encore, chez les Gaulois, dans ces victimes humaines qu’ils brûlaient toutes vives, après les avoir emprisonnées dans des mannequins d’osier ; imitant, en cela, les Hindous, leurs aïeux, qui, eux aussi, sacrifiaient des hommes à leur déesse

  1. César, Commentaires ; — Guigniaut, Religions de l’antiquité.
  2. Michelet, Origines du droit français.
  3. Voy., sur ces sacrifices abominables, les articles Baal et Moloch dans l’Esprit de la Gaule de Jean Reynaud.