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du vieux temps

Quoi qu’il en soit, une coutume semblable existait chez les Hindous. D’après les Védas, dans quelques-uns des sacrifices que ces peuples offraient au soleil, « on n’immolait pas moins de 609 espèces d’animaux domestiques et sauvages, et ces animaux étaient également emprisonnés dans des cages, des filets ou des coffres[1]. »

Mais revenons en Berry.

Dans quelques-uns de nos villages, les enfants allument de longues gaules sèches au feu de la jônée, et s’amusent, en courant çà et là, à tracer dans l’air des orbes étincelants. On serait tenté de croire qu’ils simulent ainsi le disque du soleil, et que cet usage n’est pas sans analogie avec celui des Poitevins, qui consiste à promener dans la campagne, la veille de la Saint-Jean, une roue dont la circonférence est garnie de paille enflammée.

Lorsque la jaunée est éteinte, chacun des assistants, avant de se retirer, recueille religieusement quelques-uns des camichons (tisons ou charbons) du feu de joie. Ces camichons ou camochons, trempés dans l’eau bénite[2], ont la propriété de préserver la maison de toute espèce de malheur et particulièrement du feu de la foudre. — À propos de ces camichons, nous remarquerons que Sauval, qui nous a transmis le détail des frais faits par la ville de Paris, à l’occasion de la jônée qui fut célébrée sur la place de Grève en 1573, parle d’une sorte de friandise appelée camichon, qui fut servie à Charles IX dans la collation que lui donna l’Hôtel de Ville, à l’issue du feu de la Saint-Jean. Or cette sucrerie était, selon toute probabilité, un bonbon de circonstance qui faisait allusion aux camichons de la jônée.

  1. Daniélo, Histoire et tableau de l’univers, t. III. p. 368.
  2. Ceci rappelle que l’eau lustrale, chez les Grecs, se faisait en plongeant dans de l’eau ordinaire un tison calciné provenant du bûcher sur lequel on avait brûlé la victime. (Euripide, in Herc. fur., v. 928 ; — Athénée, liv. IX, ch. 18.)