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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/322

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du vieux temps

sollicitude du Limousin pour sa castagna (châtaigne) et sa raba (rave), qu’il place, dans ses affections et ses prières, bien au-dessus de sa femme[1], ont évidemment la même origine, et cette unanimité de sentiments en matière pareille montre à quel point les sociétés ont toujours été préoccupées de leur existence matérielle, et combien, dans les premiers âges, cette existence fut incertaine et précaire.

Mais revenons.

Les Romains, toujours au dire de Pline, faisaient aussi porter à leurs enfants des cornes de lucane en guise d’amulette : Scarabœorum cornua grandia denticulata, adalligata infantibus, amuleti naturam obtinent[2].

Enfin, un brin de trèfle à quatre feuilles suffit, non-seulement pour nous mettre à l’abri de toute espèce de sorts, mais encore pour nous attirer toute sorte de bonheurs et nous procurer l’accomplissement de tous nos désirs. — Le trèfle à quatre feuilles est mentionné par quelques-uns de nos vieux auteurs et, entre autres, par Noël du Fail, page 200 de ses Propos rustiques : — « Les sorciers de Rétiers, dit-il, cherchaient du trèfle à quatre feuilles pour aller à l’aguillaneuf. » — Mme Sand, de son côté, parle de cette plante dans les termes suivants : — « Comme c’était le dimanche, la petite Fadette ne cousait ni ne filait en gardant ses ouailles. Elle s’occupait à un amusement tranquille que les enfants de chez nous prennent quelquefois bien sérieusement. Elle cherchait le trèfle à quatre feuilles qui se trouve bien rarement et qui porte bonheur à ceux qui peuvent mettre la main dessus[3]. »

Cette plante précieuse n’est pas moins renommée en Allemagne qu’en Berry, et le fait suivant, rapporté par un

  1. Voy. à la table des matières, le mot : Fumelle.
  2. Histoire naturelle, liv. XXX, ch. 47.
  3. La Petite Fadette. (Voy. plus haut, la note 4 de la page 85.)