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du vieux temps

Au reste, la plupart de nos provinces ont leurs naulets ou pains de Noël. Dans la Flandre française, on donne aux enfants, ce jour-là, des coignoles, gâteaux de forme oblongue dans lesquels sont encadrés de petits Jésus en sucre. La Lorraine, ainsi que nous l’avons dit plus haut, a ses cogneux ou cognés. Orléans et Bonneval ont leurs cochelins, dont les uns sont taillés en losange et les autres figurent des hommes. Le pays chartrain a ses cochenilles et ses coquelins, qui représentent tantôt des hommes, des femmes, des cavaliers ; tantôt, des bœufs, des chevaux, des ânes. Enfin, à Valognes, les naulets se nomment bourettes.

Ces usages se retrouvent aussi dans les pays étrangers. En Finlande, le pain ou gâteau de Noël est de forme très-variée ; mais il affecte le plus souvent la figure d’une charrue, d’un coutre, ou de tout autre instrument d’agriculture. En Suède et en Norvège, c’est presque toujours un animal qu’il représente, et particulièrement le porc, ce qui rappelle l’attribut mythologique du dieu Frey. C’est ainsi que les gâteaux appelés Kerskoeken, dans la Belgique flamande, et cougnoux à Namur, ont la forme d’un porc ou d’un sanglier rôti, ce qui fait songer, dit M. du Méril[1], au sacrifice spécial à la fête de Julé (le soleil). — Le porc jouit du même honneur dans certaines contrées de l’Allemagne : « Figurati et melliti panes, qui tempore nativitatis Christi hodieque conficiuntur, et figuram plerumque referunt animalium, verris, hirci et similium[2]. »

Il est très-probable que toutes ces petites figures ou effigies ont succédé aux oscilla, aux pilœ, que les anciens Romains consacraient à plusieurs de leurs dieux et qui n’étaient que la représentation des animaux et même des hommes qu’on

  1. Histoire de la comédie, Période primitive, p. 434.
  2. Westphalius, Monumenta inedita Mecklemburgensia, t.I, préf., p.17.