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du vieux temps

Au sortir de l’office, les Rois étaient dans l’usage de haranguer la multitude rassemblée sur la place publique ; mais comme ils n’eurent jamais d’historiographes, on ignore sur quelles matières pouvaient rouler ces discours du trône.

Après ces speeches plus ou moins éloquents, ceux de nos monarques, dont la liste civile n’était pas suffisante pour subvenir aux frais de ce temps de bombance, visitaient, escortés de leur cour, les principaux de l’endroit, et ne dédaignaient pas de laisser accepter par leur ministre des finances les cadeaux ou étrennes que l’on se faisait un devoir de leur offrir. — Cet usage existait autrefois à Carcassonne : « Après la messe, le roi, suivi de ses officiers et de sa garde, allait rendre visite à l’évêque, aux magistrats, au maire, et leur faisait présenter un bassin où leurs offrandes étaient gracieusement reçues. L’argent ainsi recueilli servait aux frais du festin royale[1]. »

De retour à la ferme, Leurs Majestés pensaient sagement n’avoir rien de mieux à faire que de se remettre à table ; car bien manger, bien boire et bien rire, c’était véritablement, pour nos bons rois, s’occuper d’affaires d’État, et c’est parce que tous firent preuve à un éminent degré de ce triple talent, que leur règne a laissé les meilleurs souvenirs. Aussi peut-on dire à bon droit de leur dynastie :

Seuls rois de qui le peuple ait gardé la mémoire.

  1. France pittoresque, t. I, p. 195.