Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

réjouit. En même temps on honore la lune, le feu et Yama, en tournant toujours par la droite vers le nord[1] ; et pour cette cérémonie on se sert du feu, ou de l’eau, faute de feu. Quiconque adresse son hommage aux Pitris en est récompensé par eux : ils lui accordent des richesses, une nombreuse famille, la possession du ciel, une bonne santé, enfin tout ce qu’il peut désirer.

Sage Mouni, il faut distinguer le sacrifice fait aux dieux, et le sacrifice fait aux Pitris[2]. C’est aux Pitris que les dieux doivent leur premier accroissement : que les Pitris soient favorables et satisfaits, et le monde entier prospère. Il faut tâcher de fixer leur faveur : ô fils de Bhrigou, ne manque jamais de les honorer.

Tu es aimé des Pitris, et je t’aime également. Je veux te faire un présent qui soit une preuve de cette affection. Je te donne l’œil divin de la science : mais ne va point imprudemment, ô Mârcandéya, révéler ces secrets. La voie divine de la dévotion, la voie supérieure des Pitris ne saurait être aperçue par un œil de chair tel que le tien, quelle que soit sa perfection.

Mârcandéya dit :

À ces mots, ce maître des dieux, s’approchant de moi, me donna l’œil de la science, que les dieux eux-mêmes n’obtiennent qu’avec peine. Il reprit ensuite cette route vers laquelle nous tendons tous ; son char et lui brillaient comme deux feux. Ô fils de Courou, apprends ce que j’ai pu entendre de lui, détails que les mortels ne sauraient connaître sur la terre, et que je tiens de sa bonté.

  1. Voy. sur ces détails les sl. 202, 211 et 214 de la iiie lecture des lois de Manou. Mon auteur, pour rendre cette dernière idée, emploie le mot अदगायनं (M. Wilson donne अदगयनं) que j’ai rendu par le sens renfermé dans le mot अपसव्यं des lois de Manou. Le Brahmane qui veut imiter la marche du soleil dans le ciel, tourne toujours par sa droite sur lui-même. La swadhâ est à la fois la nourriture que l’on offre aux mânes, et l’exclamation dont on se sert dans cette cérémonie. (Lois de Manou, lect. iii, sl. 224.) On personnifie cette offrande ; on en fait une nymphe, qui est ordinairement l’épouse d’Agni : en effet, l’offrande présentée aux mânes ou aux dieux est jetée dans le feu. Cependant, un peu plus haut, Swadhâ est la femme de Bhrigou.
  2. C’est un vers des lois de Manou, lect. iii, sl. 203. L’auteur a pris en entier le premier vers du distique, mais il a modifié le second, que j’ai traduit littéralement, et qui me semble expliqué par les vers que j’ai cités dans la dernière note de la lecture précédente.