Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/125

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hommes, à l’empire des sens et des passions, à raison de ce qu’ils avaient fait dans leurs naissances précédentes, ils savaient cependant distinguer avec sagesse les exigences du devoir, des désirs et des richesses[1].

L’excellent prince Anouha, après avoir sacré roi le vertueux Brahmadatta, animé par la dévotion, entra dans la voie qui mène au ciel. Brahmadatta épousa la fille de Dévala, appelée Sannati, et qui devait ce nom au respect qu’elle inspirait[2]. Son père l’avait instruite lui-même dans la grande science de la dévotion, et sa vertu était telle qu’elle était destinée à ne naître qu’une fois sur la terre.

Les quatre amis, qui avaient suivi à Câmpilya Pantchâla, Candarîca et Brahmadatta, naquirent dans une famille de Brahmanes fort pauvre. Ces quatre frères se nommaient Dhritimân, Soumanas, Vidwân et Tatwadarsin ; profonds dans la lecture des Vèdes, et pénétrant tous les secrets de la nature, ils réunissaient toutes les connaissances qu’ils avaient recueillies dans leurs précédentes existences. Heureux de l’exercice de leur dévotion, ils voulurent encore aller se perfectionner dans la solitude. Ils le dirent à leur père, qui s’écria : « C’est manquer à votre devoir que de m’abandonner ainsi. Comment pouvez-vous me quitter, en me laissant dans la pauvreté, en m’enlevant mes enfants qui sont ma seule richesse, et me privant de leurs services ? » Ces Brahmanes répondirent à ce père désolé : « Nous allons vous donner un moyen de sortir de cet état de pauvreté. Ecoutez ces mots : ils vous procureront de grandes richesses. Allez trouver le vertueux roi Brahmadatta, dites-les-lui devant ses conseillers. Heureux de vous entendre, il vous donnera des terres et des richesses, il comblera enfin tous vos désirs. Allez, et soyez satisfait. » Alors ils lui dirent certaines paroles, et après l’avoir honoré comme leur maître spirituel, ils s’adonnèrent uniquement aux pratiques de l’yoga, et obtinrent l’émancipation finale[3].

  1. C’est là ce que les lois de Manou, lect. ii, sl. 228, appellent le trivarga त्रिवर्ग​ (la réunion des trois qualités).
  2. Le mot सन्नति sannati signifie respect.
  3. C’est-à-dire qu’ils moururent pour ne plus renaître.