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Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/134

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sa naissance, le choisit pour époux. Il passa avec elle cinquante-neuf ans[1], tantôt dans le parc de Tchêtraratha[2], tantôt sur les bords de la Mandâkinî[3], ou dans la belle cité d’Alacâ[4], ou bien dans les jardins du Nandana[5]. Transporté dans ces régions septentrionales, si riches en arbres magnifiques, en fruits délicieux, en suaves parfums, errant sur le mont Mérou dans ces belles forêts habitées par les dieux, ce prince accompagné d’Ourvasî s’abandonnait aux doux plaisirs de l’amour. Il établit sa capitale à Prayâga[6], lieu célèbre pour sa sainteté, et vanté par les Maharchis. Il eut sept fils, pareils aux enfants des dieux, et que leur mère Ourvasî enfanta dans le séjour céleste : ce fut le sage Âyous, Amâvasou, le pieux Viswâyous, le grand Sroutâyous, Dridhâyous, Vanâyous et Satâyous.

Djanamédjaya dit :

Comment Ourvasî, une déesse de la race des Gandharvas, dédaignant ceux de son rang, a-t-elle pris un époux parmi les mortels ? Toi, qui sais tant de choses, raconte-moi cette histoire.


    avouer aussi qu’elle est plus intéressante et plus digne de son siècle civilisé. À l’occasion du titre de cette pièce, je consignerai ici une observation de mon savant maître et regrettable ami, M. de Chézy. Si la mort n’était point venue le surprendre, il eût donné une édition critique de ce drame, pour faire le pendant de Sacountalâ. Dans sa conversation, j’ai recueilli une de ses idées sur la traduction que le docte Wilson a donnée du Vicramorvasî. Ce savant décompose ce mot, et traduit vicrama par héros. Mais dans son Dictionnaire, vicrama est plutôt donné comme un nom de chose que comme un nom de personne. Ce mot signifie force, héroïsme, et c’est विक्रमिन् vicramin qui représenterait mieux le sens de héros attribué à विक्रम. Ensuite l’opposition établie entre un nom abstrait et un nom propre, le héros et Ourvasî, ne serait pas très-logique. C’est ce qu’a fort bien senti M. Wilson en traduisant le héros et la nymphe. Raisonnant d’après l’analogie de quelques autres titres, comme Gîta Govinda, Abhidjnâna Sacountala, où le nom de chose précède celui de personne qu’il régit, M. de Chézy était porté à traduire Vicrama Ourvasî par la retraite, l’exil d’Ourvasî, ou peut-être, le triomphe d’Ourvasî, puisque cette nymphe subjugue le roi par son amour.

  1. Le manuscrit bengali dit 61 ans.
  2. C’est le jardin du dieu Couvéra.
  3. Nom du Gange céleste.
  4. On donne ce nom à la ville céleste du dieu Couvéra.
  5. Le Nandana est le séjour de plaisance du roi des dieux, Indra.
  6. Le nom de Prayâga est donné aux lieux situés au confluent de deux rivières. On désigne ici l’endroit où l’Yamounâ se jette dans le Gange. Ce Prayâga, aujourd’hui Allahabad, était sur la rive droite de ce fleuve, et Pratichthâna, capitale de Pouroûravas, était, comme on le dira plus bas, sur la rive gauche. Voyez xe lect. note 9.