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Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/140

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mari. « Que tel ne soit pas mon fils, s’écria-t-elle, inférieur aux autres Brahmânes ! » Le Mouni lui répondit : « Ce n’est pas moi qui avais formé ce vœu : cependant il doit être accompli. Ce fils sera terrible dans ses œuvres, et par le fait de son père et de sa mère. » Satyavatî reprit la parole et lui dit : « Vous avez l’empire sur les mondes, et vous n’auriez point de pouvoir pour vous créer un fils ! Donnez-m’en un qui soit juste en ses œuvres et patient dans sa conduite. Et s’il faut absolument que la destinée s’accomplisse, que ce caractère, que je redoute, passe à notre petit-fils. » Le solitaire, par le privilège de sa pénitence, lui accorda cette faveur. « Ô femme, lui dit-il, je ne mets point de différence entre mon fils et mon petit-fils. Que ton désir soit satisfait. »

Satyavatî mit au monde Djamadagni, surnommé Bhârgava ou descendant de Bhrigou, fameux par sa pénitence, sa mortification et son égalité d’âme. Dans ce sacrifice où l’influence de Roudra[1] et celle de Vichnou étaient en balance, l’influence de Vichnou l’emporta, et Djamadagni naquit comme avatare de ce dieu sur la terre. Satyavatî, pure de toute souillure du péché et fidèle aux règles de la piété, fut changée en rivière sous le nom de Côsikî[2].

Il y eut un prince de la race d’Ikchwâcou, nommé Renou, dont la fille, riche en bonnes qualités, se nommait Câmalî, et du nom de son père était aussi appelée Rénoucâ. Elle épousa ce fils de Ritchîca, Djamadagni, fameux par ses austérités et son instruction : elle en eut un fils terrible en sa colère, habile dans toutes les sciences et surtout dans celle de l’archer, Râma[3], qui extermina les Kchatriyas et brilla comme un feu destructeur.

Ainsi par la vertu de la pénitence de Ritchîca, descendant de Bhrigou, et surnommé Ôrva[4], Satyavatî donna la naissance au célèbre Djamadagni, instruit dans la science divine. Son second fils fut Sounah-sépha, et le dernier Sounah-poutchha.

  1. Roudra ou Siva est considéré comme le dieu de la destruction. Vichnou est le dieu conservateur : Djamadagni, Mouni sage et paisible, paraît comme une image vivante de cette divinité. Son fils Parasourâma fut un héros exterminateur, véritable représentant du dieu de la mort.
  2. Rivière du Bahar, appelée Cosi ou Cousa.
  3. C’est celui des trois Ramas qu’on a appelé Parasou râma (le mot परशु signifie hache). On le regarde comme un avatare de Vichnou : cette opinion semble un peu ccontraire à ses actions cruelles.
  4. Voyez plus haut, note 3 de la xive lecture.