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Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/150

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devienne déserte. Par des moyens de douceur, enlève à Divodâsa la puissance qu’il y exerce. » Nicoumbha exécute cet ordre : il arrive à Bârânasî, et apparaît en songe à Divodâsa sous la forme d’un barbier[1], nommé Cantaca. « Je suis disposé à te faire du bien, pieux monarque, lui dit-il ; fais-moi construire, dans le faubourg de la ville, une chapelle[2] où je me trouverai sous la forme que j’ai dans ce moment. » Le roi suivit les indications qui lui avaient été données en songe : il fit faire à la porte de la ville les proclamations d’usage : « Que des offrandes nombreuses se succèdent en ce lieu. » Et en effet c’était merveille de voir les parfums, l’encens, les guirlandes, les victimes, les gâteaux et les liqueurs que les dévots apportaient ; et l’officier de la cour céleste ne cessait de recevoir ces marques de respect. En revanche, il accordait aux habitants tout ce qu’ils lui demandaient, des enfants, de l’or, de la santé : il accédait à tous leurs vœux. La première des femmes du roi, nommée Souyasâ, d’après l’avis de son époux, vint aussi à la chapelle pour y demander un fils : elle ne ménagea pas les dons et les offrandes. Elle s’y rendit bien souvent, toujours dans la même intention, et Nicoumbha n’accomplit point le juste désir de la reine. Il avait son motif. « Le roi, se disait-il, se mettra en colère, et mon but sera rempli. » En effet, à la fin, le prince se fâcha. « Comment, s’écria-t-il, celui dont j’ai fait proclamer la puissance à la porte de ma ville, accorde aux habitants, et avec profusion, tous les bienfaits qu’ils demandent ! Pourquoi ne fait-il rien pour moi ? Il est par mes sujets entouré « de toute espèce d’hommages. Il a été supplié par moi et par la reine mon épouse de nous accorder un fils, et il se refuse à notre désir. Pour quelle raison manque-t-il à la reconnaissance ? Il est évident qu’il repousse les vœux que je lui adresse. Je ferai détruire la chapelle de cet ingrat. » Telle fut la résolution du roi, et, suivant l’habitude des princes, emporté par sa passion, il l’exécuta : la chapelle du chef des chœurs célestes fut abattue, et, en voyant son autel renversé, celui-ci maudit le roi. « Je ne t’ai point offensé, dit-il, et cependant tu as détruit ma chapelle. En punition de ta faute,

  1. C’est une singulière idée que cette métamorphose d'un demi-dieu en un homme d'une profession vile et peu respectée ; mais tel est le texte, नापित​. Les barbiers ont partout une réputation de gens adroits. Dans la légende citée note 15, Ganésa (mot qui a la même signification que Ganéswara) se déguise en astrologue.
  2. J’ai rendu ainsi le mot स्थान​.