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Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/196

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mort le puissant Dêtya Hiranyacasipou ; qui, placé dans le Pâtâla[1], sous la forme d’un volcan nommé Ôrwa[2], a desséché l’eau de la mer ; lui, que d’âge en âge on a célébré comme un dieu à mille têtes, à mille yeux, à mille dents, à mille pieds ; sur l’ombilic duquel naquit le lotus, demeure de Brahmâ, quand tous les êtres, animés et inanimés, étaient ensevelis sous les flots de la mer universelle.

C’est lui qui, dans le combat de Târacâ[3], terrassa les Détyas, en se présentant sous une forme qui renfermait tous les dieux et se servait de toutes les armes ; qui, monté sur Garouda, terrassa le Dêtya Câlanémi, et vainquit Târaca, terrible et grand Asoura ; qui, dans le nord, sur les flôts de l’Océan de lait, de la mer d’ambroisie, dort au milieu des ténèbres profondes, plongé dans une pieuse méditation[4] ; lui, dont Aditi, par la force de sa pénitence, obtint d’être mère[5], heureuse d’enfanter celui qui est la source divine de tous les Souras ; lui, qui délivra Sacra[6], pressé par les Dêtyas, en brisant le sein qui le contenait[7] ; qui créa, pour être les pieds du monde, les Dêtyas, habitants des eaux[8], fit les Dévas pour être les habitants du ciel, et donna à ceux-ci un roi qui fut Indra.

C’est lui qui inventa les vases sacrés[9], les présents pieux[10], les cérémonies[11], la coupe pour boire le soma[12], le mortier[13] pour nettoyer le riz,

  1. Le Pâtâla est l’enfer où habitent les Nâgas ou serpents.
  2. Nous verrons plus tard l’histoire de cet Ôrwa, mais sans y retrouver un avatare de Vichnou.
  3. Combat fameux entre les Détyas et les dieux, auquel le poëte fait souvent allusion, et dont la description se trouvera plus loin.
  4. Le terme qui exprime cette idée est yoga.
  5. Aditi fut la mère des douze Âdityas, au nombre desquels on met Vichnou.
  6. Nom du dieu Indra.
  7. Je crois que l’on indique ici une légende qui se rapporte à celle qui est racontée à la fin de la iiie lecture ; quoiqu’elles diffèrent l’une de l’autre, je suppose que toutes les deux ont le même objet en vue : il faut y voir un conte allégorique sur l’origine de l’aire des vents.
  8. La terre s’élève au-dessus de la mer, qu’habitent les grands serpents, lesquels servent de base et en quelque sorte de pieds à cette terre.
  9. पात्राणि pâtrâni. C’est le mot qui exprime en général les ustensiles nécessaires au sacrifice, comme plats, coupes, cuillers, etc.
  10. Nous avons déjà vu que dans tous les sacrifices on faisait aux Brahmanes des présents, qu’on appelle दाक्षिणा dakchinâ.
  11. J’ai rendu ainsi le mot दीक्षा dîkchâ, qui veut dire en général une cérémonie quelconque, et en particulier certains rites ou certaines prières qui précédent le sacrifice.
  12. Le soma est le jus de l’asclépias ; cette coupe se nomme चमस​ tchamasa.
  13. उलूखल​ ouloûkhala, mortier de bois dans lequel on nettoie le riz. Parmi les péni-