Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/27

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Ripou épousa Vrihatî, qui lui donna le brillant Tchâkchoucha. Celui-ci eut pour femme Pouchcarinî, fille du grand patriarche Vîrana, et devint père d’un Manou.

Ce puissant Manou, ô fils de Bharata, eut de Nadwalâ, fille du patriarche Vêrâdja (fils de Virâdj) dix fils, nommés Oûrou, Pourou, Satadyoumna, Tapaswin, Satyavâk, Cavi, Agnichtou, Atirâtra, Soudyoumna et Abhimanyou.

Âgnéyî (fille d’Agni) donna à Oûrou six fils, resplendissants de gloire : Anga, Soumanas, Swâti, Cratou, Angiras et Gaya.

Anga, uni à Sounîthâ, eut un fils unique, nommé Véna. Ce Véna par son impiété excita contre lui une grande colère. (On le prit :) pour lui donner un successeur, les Richis battirent les humeurs de son bras droit[1], et il en naquit un prince, qui fut le grand Prithou. Les Mounis, en le voyant, s’écrièrent : « Il fera la joie des peuples, son nom sera illustre, et il acquerra une grande gloire. » Ainsi parut au monde Prithou, fils de Véna, habile à tirer de l’arc et à porter l’armure éclatante, pareil à un feu brillant, et de son bras protégeant la terre, vache nourricière du genre humain[2]. Ce roi fut l’aîné des Kchatriyas, le premier de ceux que baptise l’eau du Râdjasoûya. Ô grand prince, ce fut lui qui, pour l’avantage des hommes, sut traire la vache (mystérieuse) avec les dieux, les Richis, les Pitris, les Dânavas, les Gandharvas, les Apsarâs, les serpents, les saints, les plantes et les montagnes. Le lait que donne la terre fut recueilli dans des vases[3] différents suivant la nature différente des êtres, et le prince le leur présenta, pour qu’ils pussent soutenir leur existence.

  1. Le lecteur ne verra sans doute dans ce conte qu’une allégorie. Il pensera que Véna n’ayant point laissé d’héritier direct, les sages du royaume choisirent pour lui succéder un prince d’une branche collatérale. (Voy. p. 29.) L’histoire de ce prince est dans le Padma-pourâna racontée en détail, mais différemment.
  2. Le mot गौ () signifie vache et terre ; et les poëtes n’ont pas manqué de bâtir plus d’une fable sur la double signification de ce mot. Pour ce qui est de l’histoire de Prithou, on dit qu’il épousa Lakchmî, qui est en même temps la Terre. Celle-ci ayant refusé ses secours aux hommes, fut battue et blessée par son mari. Elle prit alors la forme d’une vache, et se rendit au mont Mérou, pour s’y plaindre aux dieux, qui ne voulurent point l’entendre. Ainsi replacée sous la puissance de Prithou, elle fut obligée de se soumettre et à lui, et à ses descen— dants qui la déchirent avec toutes sortes d’instruments. Du nom de Prithou elle est appelée Prithivî ou Prithwî. Voyez lect. iv, v et vi.
  3. L’Oupnék’hat, t. I, p. 207, donne la définition de ce mot vase.