Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/53

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qui pour eux est la magie[1], funeste à leurs ennemis. Virotchana, fils de Prahrâda, est leur veau ; et, pour traire le lait, ils ont le Dêtya Madhou, ou Dwimoûrddhan, leur prêtre. C’est sur la magie que les Âsouras fondent leur puissance : c’est là leur science particulière ; c’est par là qu’ils excellent.

Ô grand roi, dans un vase de terre non cuite[2], les pieux Yakchas prennent le lait de la Terre ; et ce lait pour eux, c’est le pouvoir d’être invisibles et immortels. Leur veau est Vêsravana ; celui qui tire pour eux le lait est Radjatanâbha[3], père de Manivara, ou Trisîrcha, fils d’Yakcha, grand par sa force, grand par sa pénitence. C’est ce lait qui les soutient ; c’est cette prérogative qui fait leur mérite.

Les Râkchasas et les Pisâtchas s’approchent ensuite pour traire la Terre. Leur vase est un crâne : ce sont des débris de cadavres qui font leur nourriture. Leur veau est Soumâlin, ô fils de Courou ; le sang est leur lait, que Radjatanâbha est chargé de traire ; et c’est de ce lait que se nourrissent les Râkchasas, les Yakchas, pareils aux immortels, les Pisâtchas, et tous les Bhoûtas.

Les Gandharvas et les Apsarâs font couler le lait de la Terre dans une coupe de lotus ; à l’entour s’exhalent de suaves parfums. Leur veau est Tchitraratha ; et celui qui tire pour eux le lait, c’est Souroutchi, prince puissant, courageux parmi les Gandharvas, et pareil au soleil.

Les montagnes aussi prennent le lait de la Terre. Leur vase est le rocher même dont elles sont formées, et dans ce vase sont les plus belles plantes et les pierres les plus précieuses. Leur veau est l’Himâlaya ; c’est le grand Mérou[4] qui doit traire le lait.

Enfin la Terre donne son lait aux arbres et aux plantes, dont la coupe est de palâsa[5] et renferme l’heureuse qualité qu’ils ont de repousser après

  1. Les Asouras sont renommés dans les poémes sanscrits pour leur habileté dans les arts magiques. De là vient que quelques personnes, qui ne voient que les mots, ont cru retrouver les Assyriens dans les Asouras, se rappelant que les Chaldéens, peuple de l’Assyrie, étaient fameux sous ce rapport.
  2. आमपात्र (âmapâtra).
  3. Ce mot va se reproduire dans le paragraphe suivant, ainsi que le mot Yakchas : ce qui est un grand défaut d’exactitude, que le traducteur est obligé de reproduire.
  4. Montagne fabuleuse que les Indiens placent dans la grande Tartarie.
  5. C’est le butea frondosa.