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Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/69

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Ansa, Bhaga, Indra, Vivaswân, Poûchan, Pardjanya, Twachtri et Vichnou, qui n’est pas le moindre, quoiqu’il soit né le dernier. Vivaswân ne put retenir sa joie, en voyant ces Âdityas qui venaient de naître de lui-même. Twachtri lui présenta aussi des fleurs, des parfums, des bracelets, une aigrette brillante, et lui dit : « Maître des dieux, va maintenant rejoindre ton épouse, qui, changée en cavale, dans les régions du nord, étale sur le gazon des forêts ses formes gracieuses. » Le dieu l’aperçoit en effet, par l’effet de sa dévotion, telle que Twachtri la lui dépeignait ; par l’éclat de sa pénitence[1] elle surpassait tous les êtres, et se promenait sans crainte sous la forme qu’elle avait choisie. Alors Vivaswân lui-même se change en cheval : il accourt, la déesse l’attend, tous deux sont ivres d’amour : le cheval impatient s’élance, et c’est dans la bouche de la cavale que s’accomplit le mystère de cet hymen merveilleux[2]. Celle-ci renifle, et sa narine devient le dépôt d’un germe divin, d’où naissent les deux Aswins, Nâsatya et Dasra, dieux qui président à la médecine, et fils du huitième Pradjâpati[3].

Vivaswân se montra bientôt après sous sa forme aimable et gracieuse à Sandjnâ, qui la vit et s’en réjouit. Yama, qui dans cette circonstance avait eu le plus à souffrir, devint Dharmarâdja, c’est-à-dire juge souverain, chaîné de contenir les humains dans les règles du devoir[4] : dans cet emploi bril-


    d’été, c’est-à-dire du mois de Mâgha au mois de Srâvana. C’est au moins ce que raconte le Bhavichyat-pourâna.

  1. Nous avons déjà dit que ce mot pénitence n’exprimait que le zèle avec lequel on remplit ses fonctions. Dans cette situation, Sandjnâ est devenue une constellation, Aswinî, et elle a par conséquent un devoir à remplir : c’est ce sens qu’il faudra toujours donner, dans le même cas, aux mots pénitence et austérités.
  2. Je n’aurais point reproduit ces infamies, si elles n’indiquaient la forme et la position relative de quelques constellations. Aswinî porte aussi le nom de Nâsicâ, qui signifie narine. Il y a dans la mythologie grecque une métamorphose du dieu Saturne, et une autre de Neptune en cheval. Cérés se change en cavale, Neptune en cheval, et ils donnent le jour au cheval Arion. Saturne prit aussi cette forme, et eut de Philyre le centaure Chiron. Toutes ces fables ne sont que des allégories du même genre.
  3. Qu’est-ce que ce huitième Pradjâpati ? En comptant le nombre des douze Âdityas, je trouve que Vivaswân est le huitième. Cependant à la troisième lecture, page 18, ces dieux sont nommés dans un autre ordre.
  4. Dharmarâdja signifie roi de la justice. On donne encore à ce mot une autre étymologie, comme s’il voulait dire brillant par la justice. Ce passage semble faire allusion à cette étymologie, car il signifie littéralement : celui qui brille par la justice, fait briller les humains par la justice. Yama est le roi des morts, chargé de surveiller la conduite des hommes pendant leur vie, de prononcer sur leur sort, de les punir ou de les récompenser. Le poëte a peut-être eu tort d'employer ici le mot Pitris : les Pitris sont les âmes des ancêtres habitant la lune, qui