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vas. C’est après avoir mis au monde cet enfant, qu’Ilâ devint Soudyoumna. Ce Soudyoumna eut trois fils, distingués par leur vertu : Outcala, Gaya, et le vaillant Vinatâswa. Outcala habita le pays qui porte son nom[1] ; Vinatâswa se fixa vers l’occident, et Gaya vers l’orient à Gayâpourî[2].

Quand Vêvaswata eut quitté le monde pour aller habiter le soleil, les Kchatriyas partagèrent cette terre en dix parties. La région du centre[3], remarquable par les poteaux où l’on attache les victimes des sacrifices[4], et ornée par la piété de ses habitants, fut le royaume d’Ikchwâcou, l’aîné de la famille. Car, en sa qualité de fille, Soudyoumna ne put avoir cette portion : mais d’après l’avis de Vasichtha, il s’établit, ô fils de Courou, à Pratichthâna[5] où il régna par lui-même[6], et par sa justice et sa puissance il fonda un glorieux empire, qu’il transmit à Pouroûravas.

Il donna encore en cet endroit naissance à trois enfants, Dhrichtaca, Ambarîcha et Dandaca[7]. Ce fut ce Dandaca qui disposa la forêt, appelée de son nom Dandacâranya, si connue dans le monde par la célébrité de ses péni-


    cure. On le fait naître de Soma, qui est la lune, et par son mariage avec Ilâ, il devint l’auteur de la race royale appelée la dynastie lunaire. Ikchwâcou est le père de la dynastie solaire.

  1. Le manuscrit dévanâgari de la Bibliothèque royale ne parle point du pays d’Outcala : il dit qu’Outcala s’établit dans le nord, ce qui est fort peu probable ; car le pays d’Outcala est, dit-on, la province d’Orissa, qui se trouve au contraire dans le midi de l’Inde.
  2. On croit que le pays de Gaya est celui qui plus tard a été appelé Magadha. C’est aujourd’hui le Béhar, dont un district porte le nom de Gaya. La ville de Gayâ existe encore, et c’est un lieu célèbre de pèlerinage. Fr. Hamilton dit que Gaya a régné dans le midi : mes textes disent unanimement, l’orient.
  3. Les bornes de ce pays, surnommé Madhyadésa, sont données dans les lois de Manou, lect. ii, sl. 20 et 21. Il s’étendait depuis la contrée de Vinasana à l’occident jusqu’à Prayâga à l’orient, depuis l’Himalaya au nord jusqu’au Vindhya au midi. Le Vinasana était au nord-ouest de Dehli, et Prayâga est Allahabad.
  4. Ces poteaux s’appellent yoûpas. C’est aussi quelquefois un trophée, une colonne élevée à la suite d’une victoire.
  5. Pratichthâna était sur la rive gauche du Gange, vis-à-vis d’Allahabad. On en voit encore les ruines à Jhousi. Son nom signifie résidence, ce que le poëte fait entendre, en disant प्रतिष्ठा सुद्युम्नस्य (pratichthâ Soudyoumnasya).
  6. Voilà l’explication de la fable d’Ilâ ; voilà sans doute pourquoi on a prétendu qu’elle avait été changée en homme : c’est qu’en effet elle avait régné en véritable roi. Ainsi se conduisit Sémiramis, gouvernant sous le nom de son fils Ninus.
  7. Le manuscrit bengali porte en note que ce prince fut aussi appelé Cousa. Fr. Hamilton dit que ce roi, et par conséquent ses fibres, étaient fils d’Ikchwâcou. Il me semble que leur place même dans cette généalogie indique qu’ils sont fils de Soudyoumna. Le même Fr. Hamilton place le Dandaca au bas de l’Himalaya : M. Wilson le met sur la côte nord-est de là péninsule.