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Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/99

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parente. Je vais te dire le monde qu’ils habitent, leur influence, l’excellence de leur nature, leur grandeur.

D’abord je te parlerai de ces trois ordres supérieurs qui peuvent devenir sensibles pour nous par les devoirs auxquels ils se soumettent[1] : voici leurs noms et leurs demeures. On appelle Sanâtanas (éternels) les mondes où résident les Pitris dépourvus de formes, nommés Bhâswaras[2] et du nom de leur père, le Pradjâpati Virâdja, surnommés Vérâdjas. On les honore comme des dieux, suivant les rites prescrits. Quand les habitants des mondes Sanâtanas se relâchent dans les devoirs de leur dévotion[3], au bout d’une révolution de mille ans, ils renaissent dans de saintes familles, où l’on s’occupe de la science sacrée ; ils y acquièrent de nouveaux mérites, de nouvelles connaissances ; ils se perfectionnent dans la philosophie sacrée, et reprennent ensuite cette voie où il est si difficile d’entrer. Ce sont là les Pitris auxquels les pieux yogins[4] sont appelés à donner de l’accroissement, et qui par la force de leur propre dé-

  1. Comme nous le verrons plus bas, les quatre ordres de Pitris regardés comme matériels, comme terrestres, sont ceux qui sont spécialement composés des âmes de gens appartenant aux quatre castes : c’est là en quelque sorte leur forme. Les trois autres ordres, qui renferment les Pitris des Richis supérieurs, des dieux et des génies de tous les rangs, n’ont point, pour ainsi dire, de figure sociale. Cette idée de forme extérieure, de figure apparente, me menait sans doute à l’idée d’êtres matériels, et à l’idée contraire d’êtres immatériels. J’ai évité ces expressions, et me suis rapproché de mon texte autant qu’il m’était possible. Les Pitris supérieurs n’ont point de forme, dit-on ; cependant ils portent la forme du devoir, धर्म्ममूर्त्तिधर. C’est surtout pour de pareils passages qu’il m’eût été agréable d’avoir un commentaire. Abandonné à mes faibles forces, j’ai cherché un sens ; je ne me flatte point d’avoir rencontré juste. Ou ces Pitris sont soumis à des devoirs particuliers dans la grande organisation de l’univers, ou ils reviennent de temps en temps sur la terre porter le fardeau de l’humanité et des devoirs qui lui sont imposés.
  2. Ce mot signifie soleil : j’en ai fait un nom propre, ce n’est peut-être qu’une épithète. Six des sept Richis sont nommés comme patriarches des Pitris. Atri seul n’est pas cité : à sa place se trouve Virâdja. Celui-ci serait-il Manou, nommé विराज au lieu de विराज्ज ? (Voy. lect. i.) Les lois de Manou parlent des fils de Virâdj, lect. iii, sl. 195.
  3. J’avais d’abord reproduit cette pensée du Bhagavad-gîtâ, lect. vi, qui insinue que l’homme surpris par la mort dans le cours de sa pénitence, revient plus tard l’achever et acquérir de nouveaux mérites. Mais l’histoire qui va suivre de la vierge Atchhodâ, montre que ces esprits peuvent faillir et s’écarter un instant des règles de la dévotion (yoga), ce qui les expose à une renaissance terrestre.
  4. Les yogins, c’est-à-dire les personnes qui se livrent aux exercices de la pénitence pour arriver à l’union intime avec Dieu, sont admis après leur mort dans le monde de ces Pitris ; ou bien les yogins ne sont que ces mêmes Pitris déchus.