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[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

blons de louanges, et marche avec nous ; oui, marche avec nous dans les combats.

4. Sois bon, et reconnaissant de ce (char) que nous te donnons. Accorde tes bienfaits à ceux qui t’expriment leurs besoins, ô (dieu) dont les chevaux sont immortels ; oui, dont les chevaux sont immortels. Illustre protecteur, nous t’environnons d’honneurs et de louanges. Ô Poûchan, je ne suis pas de ceux qui dédaignent ton pouvoir ; je suis loin de blâmer ou de repousser ton amitié.


HYMNE III.

Aux Viswadévas, par Paroutchhépa.

(Mètres : Atyachtî, Trichtoubh, Vrihâtî.)

1. Invoquons (les dieux) ! D’abord ma prière implore Agni. Nous honorons votre force divine, ô Indra et Vâyou ; oui, nous l’honorons. Quand, près du foyer lumineux, la Prière accomplit son œuvre, puissent nos hommages monter vers les dieux ; oui, puissent-ils monter rapidement vers eux !

2. Ô Mitra et Varouna, lorsque près du feu sacré s’est élevé vers vous un hommage impie que vous adressait la passion, oui, que vous adressait la passion capricieuse du sacrificateur, nous n’avons revu dans nos demeures votre (char) d’or qu’au prix de nos prières, de nos adorations, de nos libations ; oui, de nos libations de soma.

3. Ô Aswins, les enfants d’Ayou vous honorent par leurs louanges ; ils semblent porter leurs cantiques jusqu’à vos oreilles ; oui, ils portent jusqu’à vous leurs holocaustes. À vous sont toutes les richesses, tous les biens, (dieux) qui possédez toute chose. (Nobles protecteurs), elles sont surchargées de biens ; oui, elles sont surchargées, les roues de votre char d’or.

4. On vous entend, (dieux) secourables ; vous montez au ciel. À votre char sont attelés des coursiers qui ne sauraient faillir, oui, qui ne doivent point faillir dans les voies célestes. Nous voulons, (dieux) secourables, vous affermir encore sur ce char d’or. Comme des voyageurs, vous traversez le ciel, où vous apparaissez, oui, où vous apparaissez pour régner.

5. Trésor de puissance, servez-nous nuit et jour par vos œuvres puissantes. Que vos dons ne faillissent jamais, pas plus que les nôtres !

6. Indra, tu es généreux, et ces libations te sont aussi généreusement offertes, jus limpides qui, dans le pressoir, ont fendu pour toi, oui, ont fendu pour toi (les grains qui les contenaient). Qu’ils t’enivrent, et te disposent à répandre sur nous tes dons nobles, riches et variés ! Célébré par nos chants, élevé par nos hymnes, viens, ô (dieu) bienfaisant, oui, viens auprès de nous.

7. Et toi, Agni, exauce nous ! Objet de nos chants, dis aux dieux dignes de nos sacrifices, oui, à (ces dieux) brillants et dignes de nos sacrifices : « Quand les Dévas donnèrent une vache[1] aux Angiras, Aryaman en a reçu le lait, et c’est (Agni) sacrificateur qui le lui a donné, à lui et aux autres dieux. Je donne encore le lait de la vache d’aujourd’hui à Aryaman et aux autres dieux. »

8. Que vos dons généreux soient pour nous durables ! Qu’ils ne périssent jamais entre nos mains ; oui, qu’ils ne périssent jamais ! Ô Marouts, tous ces biens variés, et d’âge en âge toujours nouveaux, par votre force rendez-les immortels en nous. Confirmez-les d’une manière invincible.

9. Avant moi Dadhyantch, Angiras, Priyamédha, Canwa, Atri et Manou ont vu le jour, oui, avant moi ils ont vu jour. Dans les Dévas (terrestres) ils se sont perpétués. Ayons confiance en ces (Dévas). Avec les hymnes qu’ils enseignent, j’invoque Indra et Agni ; oui, j’invoque Indra et Agni avec leurs hymnes.

10. Que le sacrificateur fasse son œuvre ! Que les dévots apportent leurs riches offrandes. (Agni), maître du sacrifice[2] reçoit avec ardeur les libations ; oui, les libations de toute espèce. Nous entendons la mesure du vers et la voix (du prêtre, qui retentit) au loin. Les boissons, sortant du pressoir, ont été par le (père de famille) intelligent, oui, par le (père de famille) intelligent, disposées en différentes places.

11. Ô dieux puissants, qui, au nombre de onze, régnez au ciel ; qui, au nombre de onze, restez

  1. Dans ce passage, le mot vache doit s’entendre des offrandes et des effets du sacrifice. Je suppose aussi que le mot déva peut ici désigner les personnes riches et recommandables qui font les frais du sacrifice, et donnent aux Angiras, c’est-à-dire aux prêtres, tout ce qui est nécessaire pour l’accomplir. En pareil cas, le lait de la vache, c’est-à-dire, l’offrande destinée à Aryaman ou à tout autre dieu, est déposée dans le feu, qui la dévore et est censé la transmettre à qui de droit. Voici maintenant la légende faite sur cette circonstance. On dit que les dieux, touchés des prières d’Angiras, lui avaient envoyé des vaches qui s’approchaient de lui pour lui donner leur lait. Mais comme il ne pouvait les traire lui-même, il invoqua Aryaman, et il obtint, par la vertu de son holocauste, de pouvoir jouir de ce lait désiré.
  2. Le texte dit Vrihaspatî.