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Page:Langlois - Rig Véda.djvu/148

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[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

ment le feu du sacrifice et chantent des hymnes.

6. Que les vaches donnent le lait de leurs mamelles pour mon sacrifice. Que le sage (Agni) obtienne toutes les libations qu’il désire ; que sa bouche (sacrée) touche (à mes holocaustes), et n’épargne rien de mes offrandes[1].

7. Ô Mitra et Varouna, puissé-je vous rendre agréables les honneurs que je vous rends, et mériter votre protection, ô dieux (favorables) ! Que notre piété nous donne la victoire dans les combats ! Que la pluie divine (de vos faveurs) nous serve à traverser heureusement (la vie) !


HYMNE XVII.

À Mitra et à Varouna, par Dîrghatamas.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Nous éprouvons une grande joie à vous honorer par nos holocaustes et nos invocations, ô Mitra et Varouna, (ô dieux) dont le beurre de nos offrandes relève l’éclat, tandis que nos prêtres, par leurs cérémonies, semblent vouloir vous exalter.

2. J’ai préparé des hymnes, ô Mitra et Varouna, et, attelant le char de votre sacrifice, j’apporte des vers harmonieux : cependant le père de famille fournit pour votre solemnité les holocaustes et les présents.

3. Que la vache donne tout son lait pour le sacrifice, ô Mitra et Varouna, en faveur du mortel qui vous présente cet holocauste, au moment où (le dieu) qui reçoit les offrandes[2], tel qu’un sacrificateur humain, vous honore et vous fête en ce jour.

4. Allons ! au milieu de ce peuple transporté de joie, que les vaches, que les ondes divines vous fournissent des libations ! Allons ! l’antique maître, (Agni), et pour nous et pour (le père de famille) ici présent, se charge de vous les offrir. Prenez votre part (du sacrifice), et buvez du lait de la vache[3].


HYMNE XVIII.

À Vichnou, par Dîrghatamas.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Je chante les exploits de Vichnou qui a créé les splendeurs terrestres, qui par ses trois pas[4] a formé l’étendue céleste, (Vichnou) partout célébré.

2. C’est pour sa force que je chante Vichnou, redoutable comme le lion, semant la terreur sur ses pas, habitant la hauteur ; (Vichnou) dont les trois vastes pas embrassent tous les mondes.

3. Que ma prière touche vivement ce généreux Vichnou qui habite la hauteur, et se trouve partout célébré ; qui, incomparable, a mesuré en trois pas cette large et longue demeure !

4. Ses trois pas immortels sont marqués par de douces libations et d’heureuses offrandes. C’est Vichnou qui soutient trois choses[5] : la terre, le ciel, tous les mondes[6].

5. Puissé-je arriver à cette demeure de Vichnou[7], où vivent dans les plaisirs les hommes qui lui ont été dévoués ! Celui qui fait des libations en l’honneur de Vichnou aux larges pas devient son ami[8] dans cette région supérieure.

6. Nous souhaitons que vous alliez tous deux[9] dans ce séjour où paissent des vaches légères, aux cornes merveilleusement allongées[10]. Là brille la demeure suprême de ce (dieu) libéral et partout célébré.


HYMNE XIX.

À Vichnou et Indra, par Dîrghatamas.

(Mètre : Djagatî.)

1. Apportez vos libations et vos mets en l’honneur de Vichnou et du grand héros qui aime les prières, (en l’honneur de ces dieux) invincibles, qui se placent sur le dos des montagnes (célestes), comme sur un excellent coursier.

2. En votre honneur, ô Indra et Vichnou, (dieux) puissants par vos œuvres, Soutapas a formé cette brillante réunion. Et, pour récompenser un mor-

  1. Ce passage peut tout aussi bien s’entendre du sage sacrificateur.
  2. Le commentaire semble reconnaître ici le nom d’un prince qu’il nomme Râtahavya.
  3. Je n’ai pas besoin de faire remarquer que le mot vache, ici et ailleurs, peut être pris au propre ou au figuré, et, dans ce dernier cas, signifier le sacrifice, la libation ou les rayons d’Agni.
  4. Les trois pas de Vichnou, ne l’oublions pas, sont les trois stations du soleil, à son lever, à midi, à son coucher.
  5. Ces trois choses, suivant le commentaire, seraient ou les trois mondes (locatrayam), ou les trois temps (câlatrayam), ou les trois qualités (gounatrayam).
  6. Ces mondes (bhouvanâni), au nombre de sept, composent un espace intermédiaire entre le ciel et la terre. Des mondes connus sous le nom de loca, on peut en compter tantôt trois, tantôt quatorze.
  7. Cette demeure est le ciel ou peut-être le soleil, où les Indiens pensaient qu’ils devaient être transportés après la mort.
  8. Le mot bandhoû est plus fort : il signifie parent, attaché par le lien de la famille.
  9. C’est-à-dire, pour le père et la mère de famille, pour les deux familles offrant le sacrifice.
  10. Ces vaches sont les nuages, ou, suivant le commentateur, les rayons du soleil.