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[Lect. IV.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

promptement surmonter nos ennemis. Oui, nous pouvons vaincre même des centaines d’adversaires, si nous savons bien réunir ensemble les épouses et leurs maris.

4. « Cependant, que le désir exprimé par la voix d’une amie ne naisse pas ainsi témérairement. Lopâmoudrâ est imprudente, et elle engage vivement un mari prudent. Il est essoufflé, et elle l’épuise.

5. « Buvez promptement de ce soma ; buvez-en de tout votre cœur, je vous en prie. Si ce soma est arrivé, c’est à nous que vous le devez. Qu’ainsi vous plaise un mortel dont les désirs sont pressants ! »

6. (Le poëte parle.) « Agastya, qui demandait de la fortune, de la famille, de la puissance, fut comme le laboureur qui cultive son champ avec soin. Le terrible Richi pratiqua l’une et l’autre méthode[1], et parmi les Dévas il obtint d’heureuses bénédictions. »


HYMNE XV.

Aux Aswins, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Vos chevaux parcourent les mondes ; votre char se promène à travers les airs. Vos roues sont surchargées (de biens) ; et lorsque vous venez boire le soma, vous vous unissez aux Aurores.

2. Quand vous arrivez pour remplir votre office utile aux humains, (office) respectable où votre coursier rapide suit deux carières différentes ; quand votre (sœur)[2] se présente à la prière de tous, (le sacrificateur) vous invoque, vous qui aimez la douceur (des libations), et il vous appelle à partager ses offrandes.

3. Vous avez à une vache stérile rendu le lait, tel qu’elle le donnait auparavant[3], tandis que, retiré au sein de son bûcher, comme le voleur (au sein d’une caverne), le pur (Agni) recevait les holocaustes offerts en votre honneur, (dieux) aux belles formes.

4. En faveur d’Atri[4] vous avez fait le feu aussi doux que le miel, aussi froid que l’eau. Nobles Aswins, c’est pour vous ces offrandes de toute espèce, et ces douces libations qui semblent aller vers vous avec la rapidité d’un char.

5. (Dieux) secourables, je vous adresse cet hymne, et vous invite à recevoir mes présents, comme le faisait le malheureux fils de Tougra[5]. (Dieux) adorables, par le fait de votre grandeur le vieillard faible (est délivré) du mal ; il embrasse, avec vous, la terre et les eaux.

6. (Dieux) bienfaisants, quand vous attelez vos coursiers, vous accordez l’abondance à notre prière. Tel qu’un souffle agréable, que le père de famille pénètre jusqu’à vous ; qu’il soit à vos yeux comme le (serviteur) soumis qui reçoit d’un grand le prix de sa fidélité.

7. Pieux Aswins, il est arrivé quelquefois à vos chantres de conclure des marchés ; le traité fut toujours honorablement tenu. (Dieux) justes et généreux, vous avez bu nos libations : des dieux sont équitables.

8. Ô Aswins, chaque jour vous recevez nos libations accompagnées de diverses prières. C’est Agastya, célèbre parmi les directeurs des hommes, qui est ici comme un collecteur de l’impôt, et qui vous engage vivement à payer le vôtre.

9. Quand avec grandeur vous poussez votre char, vous apparaissez à nos yeux tels que le sacrificateur (divin) institué par Manou. Accordez à ceux qui vous honorent une belle race de chevaux. (Dieux) véridiques, que la richesse nous accompagne !

10. Ô Aswins, nous demandons aujourd’hui par nos hymnes qu’il vienne vers nous, votre char toujours rempli de biens nouveaux, (ce char) dont la roue est infatigable, et qui fait le tour du ciel. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE XVI.

Aux Aswins, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Dieux) amis, (dieux) avides de nos sacrifices, nous avons donné nos libations. Quand nous donnerez-vous l’abondance et la richesse ? Ces offrandes sont pour vous. Méritez nos louan-

  1. C’est-à-dire, il fit des prières et des libations. Le commentaire entend qu’il se livra à l’amour et à la pénitence.
  2. L’aurore.
  3. Nous savons ce que signifie ce miracle, qui consiste à rendre le lait à la vache. Voy. l’histoire des Ribhous, page 51, col. 1, note 1.
  4. Voy. page 73, col. 1, note 2 ; page 114, col. 1, note 4.
  5. Voy. page 109, col. 2, note 3 ; page 113, col. 2, note 4 ; et page 142, col. 1, note 2. Il s’appelait Bhoudjyou.