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[Lect. V.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

roues, (ce char) formé de trois métaux[1], sur lequel, comme l’oiseau sur ses ailes, vous arrivez à la demeure de (l’homme) pieux.

2. Pendant que votre char aux belles roues se dirige vers le lieu (du sacrifice), pendant que vous vous arrêtez pour (recevoir) notre offrande, ô vous qui connaissez les moments favorables, que notre hymne, dieux magnifiques, célèbre votre beauté ! Vous accompagnez l’Aurore, fille du Ciel.

3. Montez donc sur ce char aux belles roues, qui, rempli d’holocaustes, aime à visiter le sacrifice, et sur lequel vous venez, ô dieux véridiques, avides de nos offrandes, dans la demeure où nous vous honorons, mon fils et moi.

4. Ne soyez pas exposés aux injures triomphantes de l’impie et de sa compagne. Ne nous livrez pas à l’abandon et à la ruine. C’est pour vous, (ô dieux) secourables, cette part dans nos offrandes, cet hymne, ces trésors de libations.

5. Secourables (Aswins), Gotama, Pouroumilha, Atri[2], l’holocauste à la main, implorent votre protection. Comme le voyageur qui suit avec exactitude la route indiquée, (dieux) véridiques, venez à mon invocation.

6. Puissions-nous traverser cette mer de ténèbres ! Que cet hymne, ô Aswins, soit accueilli de vous ! Arrivez ici par les voies que suivent les dieux. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !




LECTURE CINQUIÈME.

HYMNE I.

Aux Aswins, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Nous voulons, au lever de l’aurore, vous invoquer aujourd’hui, vous (invoquer) demain. Voici (Agni) qui vous porte la prière du père de famille ; ô (dieux) véridiques, partout présents, fils du Ciel, (favorisez un serviteur) plus dévoué que Soudas[3] !

2. (Dieux) pleins de libéralité, prenez plaisir à nos offrandes. Exterminez ceux qui marchandent vos faveurs, et enivrez-vous des flots (de notre soma). Prêtez à nos prières et à nos vœux une oreille attentive, héros capables de les exaucer.

3. Ô Poûchan, pour obtenir les trésors de la fille du Soleil[4], que les coursiers des (Aswins) les transportent aussi rapides que la flèche ! (Dieux), les prouesses qui vous ont distingués au sein des ondes (célestes), sont justement célébrées. Votre âge est aussi ancien que celui de l’infatigable Varouna.

4. Que vos présents soient pour nous agréables comme le miel. (Dieux) adorables et bienfaisants, exaucez la prière du poëte. Vos serviteurs, pour obtenir l’abondance et une heureuse lignée, vous présentent ces joyeuses libations.

5. Magnifiques Aswins, c’est pour vous que cet hymne a été composé, pour vous ces prières et ces invocations. Venez dans notre demeure ; protégez-nous, mes enfants et moi ; (dieux) véridiques, goûtez les plaisirs que vous offre Agastya !

6. Puissions-nous traverser cette mer de ténèbres ! Que cet hymne, ô Aswins, soit accueilli de vous ! Arrivez ici par les voies que suivent les dieux. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE II.

Au Ciel et à la Terre, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. De ces deux (divinités), quelle est la plus ancienne ? Quelle est la moins âgée ? Comment sont-elles nées ? Ô poëtes, qui le sait ? Elles sont faites pour porter le monde, tandis que le Jour et la Nuit roulent comme deux roues.

2. Toutes deux, tranquilles et sans mouvement, contiennent des êtres doués de mouvement et de vie. Tels que des parents (gardent) sans cesse à leurs côtés un enfant (chéri), ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

3. Je demande que vous me fassiez jouir d’Aditi[5]. Que cette faveur adorable soit exempte de toute crainte ; qu’elle soit constante, inaltérable et à jamais fortunée ! Ô Ciel et Terre, accordez cette (grâce) à votre chantre. Ô Ciel et Terre, gardez-nous contre le mal !

  1. Le commentaire, qui donne ce sens, dit que ces métaux sont l’or, l’argent, et le cuivre. Je donnerais au mot tridhâtou un tout autre sens ; j’y verrais plutôt une allusion aux trois stations du soleil.
  2. Nom de Richis, ou saints personnages présents.
  3. Voy. page 71, col. 1, note 1. Il avait épousé une fille de Pouroumitra.
  4. Voy. page 115, col. 1, note 1.
  5. Voy. page 54, col. 1, not. 3 ; et page 55, col. 1, note 4.