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[Lect. V.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

en toi sont rassemblés d’innombrables trésors.

9. Agni, ô toi dont le corps s’entoure de tant d’éclat, les hommes par leurs offrandes (l’honorent) comme un frère, par leurs œuvres ils te servent comme un père. Tu es le fils de celui qui te révère : tu es pour nous un ami fidèle, et un patron dévoué.

10. Agni, tu es Ribhou, vénérable et (vivant) près de nous ; tu es le maître de l’abondance et de la féconde prospérité. Tu brilles et tu brûles. C’est toi qui ordonnes le sacrifice, c’est toi qui l’offres.

11. Divin Agni, tu es Aditi pour ton serviteur. Tu es Hotra, tu es Bhâratî. Ton bonheur est dans nos hymnes. Tu es l’éternelle Ilâ, pour nous combler de biens. Maître de l’opulence, tu as donné la mort à Vritra, et tu es Saraswatî.

12. Agni, ton serviteur trouve par toi la plus belle des existences. Dans tes splendeurs si éclatantes, si désirables, se rencontrent toutes les beautés. Tu nous donnes la nourriture et le salut, ô grand (dieu) ! tu es riche, magnifique, partout présent.

13. Prudent Agni, tu es les Adityas. Les dieux ont pris ta bouche et ta langue (pour être leur bouche et leur langue). C’est par toi que, dans les sacrifices, ils reçoivent les offrandes. C’est par toi que les dieux mangent l’holocauste.

14. Oui, c’est par toi, Agni, que tous les dieux, immortels et bienfaisants, mangent l’holocauste. Par toi les mortels goûtent le fruit de la libation. Dieu pur, tu produis les plantes dont tu portes en toi le germe.

15. Généreux Agni, parmi tous ces dieux que tu rassembles, tu excelles, tu domines avec majesté. Par un effet de ta grande puissance, que l’offrande, présentée dans notre sacrifice, profite également et au ciel et à la terre !

16. Agni, tu nous conduis vers le bonheur, et nous, et les chefs de famille qui donnent à tes chantres d’excellentes vaches et de beaux chevaux. Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans le sacrifice !


HYMNE X.

À Agni, par Gritsamada[1].

(Mètre : Djagatî.)

1. Augmentez par le sacrifice la grandeur d’Agni, qui possède tous les biens ; honorez-le par l’holocauste, l’offrande et le chant, cet (Agni) qui s’enflamme sous nos abondantes libations, brillant sacrificateur et guide invincible dans la voie du bonheur.

2. Agni, les Nuits et les Aurores t’appellent, comme les vaches dans les pâturages appellent leur nourrisson. Tel que (l’astre), voyageur céleste, (dieu) magnifique, tu brilles dans ton foyer, et pendant la nuit et pendant le jour, qui appartient à l’homme.

3. Les Dévas ont placé Agni dans la région de l’air pour y accomplir une œuvre merveilleuse, et pour y voyager entre le ciel et la terre. Resplendissant d’un pur éclat, il est pour nous tel qu’un char rempli de trésors ; c’est un ami digne d’être partout célébré.

4. Le couvrant de leurs libations, ils lui ont donné pour demeure la voûte céleste ; et là, étincelant comme l’or, voyageur aérien[2], il agite ses membres rayonnants, et, salutaire comme une onde (pure), il glisse entre les deux grands parents (du monde).

5. Que ce (dieu) sacrificateur préside à toutes nos cérémonies ! Les enfants de Manou l’honorent par des chants et des holocaustes. Que ses mâchoires ardentes s’ouvrent pour saisir les plantes (qui l’alimentent) ; ainsi que le firmament chargé d’étoiles, qu’il poursuive aussi sa course entre le Ciel et la Terre.

6. Dieu opulent et libéral, brille pour notre bonheur, et accorde-nous la richesse ! Orne pour nous le Ciel et la Terre ! Agni, (prends) les holocaustes de l’homme pour les remettre aux dieux.

7. Donne-nous, Agni, quelque chose de grand ; donne-nous les biens par milliers. Ouvre-nous les portes de l’abondance et de la renommée. Rends le Ciel et la Terre favorables à notre prière ! Que les Aurores brillent pour nous d’un éclat fortuné !

8. Que lui-même allume, après les charmantes Aurores, ses splendides rayons, et qu’il brille pour notre bonheur, cet Agni que Manou entoure de ses offrandes et de ses hommages, ce roi du peuple, cet hôte gracieux d’Ayou[3] !

9. Ainsi, ô le premier des immortels étincelants de lumières, que notre hymne, à nous autres mortels, porte son fruit ! Que (la prière) du sacri-

  1. Il me semble qu’il existe un autre Gritsamada, fils de Sounaca, de la famille de Bhrigou.
  2. Dans le texte se trouve le mot Prisni, qui s’emploie pour la terre. Cependant il peut aussi signifier air (antarikcha).
  3. Ayou et Manou sont employés, dans cette phrase, d’une manière générale pour dire l’homme.