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[Lect. VII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION DEUXIÈME.

leur enfant, pur comme elles, et brillant avec éclat.

4. Les Ondes, jeunes et respectueuses, viennent l’honorer comme le jeune (héritier du trône). Le voilà : richement orné de ses aigrettes éclatantes, il resplendit à nos yeux ; ou bien il attend, pour se manifester, la libation du beurre sacré.

5. À ce dieu clément trois déesses[1] offrent la nourriture. Elles se présentent à lui avec les libations, et il est allaité par des Ondes nouvellement nées[2].

6. Telle est la naissance de ce (dieu), connu par sa rapidité[3]. Qu’il défende les seigneurs contre l’ennemi qui prétend attaquer leur félicité. Jamais l’avarice ni l’impiété ne peuvent se flatter d’obtenir la faveur de l’invincible (Agni) par de mesquines offrandes.

7. Le (dieu) accepte et fait fructifier une pieuse offrande ; il a toujours dans sa demeure une vache féconde, dont il nous donne le lait. Cet enfant des Ondes (sacrées) agit avec puissance, et brille, au milieu des Ondes mêmes, pour le bonheur du serviteur qui a été généreux envers lui.

8. Le dieu éternel et juste, qui, au milieu de ces Ondes, brille avec tant d’éclat et de pureté, reçoit des autres éléments les branches, les plantes, les substances qui forment sa nourriture.

9. L’enfant des Ondes (sacrées) s’élève dans la région voisine (de l’air), et s’établit au milieu des (rayons) agités qui se couvrent d’une enveloppe lumineuse. Les grandes (flammes) s’amassent autour de lui, supportant dans leur sein doré la grandeur suprême (du dieu).

10. Et cet enfant des Ondes (sacrées), au corps, aux couleurs, aux formes dorées, étend au loin son ventre doré, d’où s’échappe l’or de ses rayons bienfaisants. On lui accorde la nourriture (qu’il réclame).

11. Cependant ce grand et beau corps dans lequel est renfermé l’enfant des Ondes, croît et s’augmente. Les jeunes (libations) allument ses couleurs dorées, le beurre (sacré) est sa nourriture.

12. À cet ami que nous avons ici-bas, adressons des sacrifices, des invocations, des holocaustes. Je lui élève un trône, que je compose de ramée ; je le nourris d’offrandes, je l’honore par des hymnes.

13. Ainsi, ce (dieu) généreux a trouvé un berceau dans ces (Ondes saintes) ; enfant, il y est nourri ; elles le touchent de leurs flots caressants. Et l’enfant des Ondes, entouré de vives couleurs, semble briller ici-bas avec le corps de l’astre céleste.

14. Sur le siége élevé où il se tient environné chaque jour de doux rayons, les Libations viennent d’elles-mêmes apporter au fils des Ondes leur tribut de boissons, d’offrandes et de beurre sacré.

15. Ô Agni, qui occupes une si belle demeure et qui peux nous protéger, je viens vers toi, (t’implorant) et pour ce peuple et pour ses maîtres. Qu’il soit fortuné pour nous, ce saint appareil que chérissent les dieux ! Pères d’une heureuse lignée, puissions-nous chanter longtemps encore dans le sacrifice.


HYMNE XIII.

À divers dieux, par Gritsamada.

(Mètre : Djagatî.)

1. Le (Soma) vient à toi avec ces offrandes que fournit la vache. Nos hommes ont tiré de leurs mortiers de pures libations. Bois de ce soma que te présente notre coupe, accompagné des invocations Swâhâ et Vachat, ô Indra, toi qui es notre premier maître.

2. Ô (Marouts), (venez) vous mêler à nos sacrifices ; (venez) du ciel briller ici avec vos daims, vos traits et vos parures. Chers et vaillants fils d’un (dieu) qui soutient le (monde), placez-vous sur ce gazon, et buvez le soma, contenu dans ce vase[4].

3. (Dieux) qui méritez nos invocations, accourez promptement vers nous ; prenez place sur ce gazon, et livrez-vous au plaisir. Goûte aussi le même bonheur, ô Twachtri, avec les dieux et leurs épouses. (Viens) entouré de cette troupe vénérable.

4. (Dieu) sage et sacrificateur, amène ici les dieux. Commence l’œuvre sainte, accepte nos of-

  1. Ilâ, Saraswatî et Bhârati.
  2. Ce sens n’est pas celui du commentaire ; cependant il m’avait paru qu’il était assez dans l’esprit de l’auteur d’établir une antithèse entre la fonction de nourrice et l’état de fille, et de dire que le dieu était nourri par ses filles. Agni est le fils nourricier de ces ondes qu’il a enfantées en sa qualité de Vêdyouta.
  3. La phrase contient le mot aswa (equus) ; et le commentaire croit y voir une mention du fameux cheval Outtchésravas, qu’il donne comme étant le soleil.
  4. Plus haut la coupe s’appelait hotra ; ici le vase se nomme potra. Un autre nom est nechtra.