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[Lect. I.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

nous) une source d’abondance intarissable ; (donne-nous) une forte lignée. Éloigne nos ennemis, et dresse-toi pour notre grande félicité.

3. Dresse-toi, ô Vanaspati, sur le sol du sacrifice, et présente-nous d’heureuses dimensions. Fais la gloire de celui qui apporte ici ses offrandes.

4. Le voilà qui vient[1], le (dieu) jeune, richement vêtu, ceint (de lumière), préférable à tous. Il naît ; les vénérables sages, pleins d’un saint recueillement et d’une vénération profonde, le font apparaître.

5. Il est né ; il croît au milieu des hommages des mortels, pour nous donner des jours sereins. Les sages accomplissent leurs œuvres de purification, et pour la sainte prière le prêtre élève sa voix.

6. Ô Vanaspati, que ces bois divins[2], que les ministres du sacrifice ont plantés et que la hache a taillés, nous procurent une heureuse fortune, une nombreuse famille !

7. Que ces branches coupées et plantées en terre, vers lesquelles s’élèvent les vases (des libations), que tous (ces bois) qui prennent une nature divine et ornent le champ du sacrifice concourent à notre bonheur !

8. Que les Adityas, les Roudras, les Vassous, merveilleux directeurs, le Ciel et la Terre, l’Espace[3], l’Air viennent avec joie participer à nos cérémonies ; que les Dévas[4] élèvent l’enseigne du sacrifice !

9. Tels que des cygnes qui volent en troupe, que les poteaux s’élèvent entourés de blanches lueurs. Placés par nos sages du côté de l’orient, que ces Dévas[5] suivent la route des Dévas.

10. Ainsi que la corne sur la (tête du) taureau, ces poteaux apparaissent, sur la terre, garnis de leurs anneaux. Invoqués par les prêtres au milieu du sacrifice, qu’ils soient notre défense sur les champs de bataille.

11. Ô Vanaspati, monte, élève-toi sur tes cent rameaux ! Puissions-nous aussi donner à notre (famille) mille rameaux, (ô dieu) que la hache brillante a disposé pour le grand bonheur (du monde) !


HYMNE III.

À Agni, par Viswâmitra.

(Mètres : Vrihatî et Trichtoubh.)

1. Ô dieu, nous mortels, tes amis, nous t’appelons à notre secours, toi enfant des Ondes[6], bienfaiteur brillant, sauveur irréprochable.

2. Tu aimes nos offrandes, et tu viens vers les Ondes, qui sont tes mères. Ô Agni, nous ne pouvons plus supporter ton absence[7]. Tu es en ces lieux, et cependant loin de nous.

3. Ton désir est de satisfaire nos vœux : car tu es bon. Vois ces (prêtres), sur l’attachement desquels tu peux compter. Pour ton service les uns sont debout, les autres sont assis[8].

4. Ce (dieu) prêt à combattre nos ennemis et leurs troupes innombrables, les Dévas[9] immortels et cléments l’ont retrouvé dans les ondes, comme le lion (dans sa caverne).

5. Tel qu’un fugitif, Agni se cachait ; les Dévas l’ont cherché avec de violents efforts[10], et Mâtariswan l’a ramené de la contrée lointaine.

6. Les mortels t’ont reçu des Dévas, ô (Agni), qui portes les holocaustes. Par ta puissance, ô (dieu) humain[11] et toujours jeune, tu protéges tous les sacrifices.

7. Ainsi ton œuvre, ô Agni, est pour ton humble serviteur une source de bonheur, quand, au moment du crépuscule, tous les êtres vivants sont rassemblés autour de ton foyer.

8. Invoquez le dieu ami des sacrifices, qui siége (dans le foyer) et s’entoure d’une flamme pure. Honorez le messager rapide, actif, antique et vénérable.

9. Que les trois mille trois cent trente-neuf[12]

  1. Il serait naturel de faire rapporter ce passage au dieu Agni, naissant dans le foyer. Et cependant je crois qu’il faut l’entendre de Vanaspati, amené, sous la forme des poteaux, au milieu de l’enceinte sacrée.
  2. Littéralement ils sont Dévas.
  3. Je rends ainsi le mot Prithivi.
  4. Je suppose que par ce mot se trouvent désignés les prêtres, ou plutôt les Rites personnifiés.
  5. Les poteaux ont été érigés du côté de l’orient, et par le fait de la consécration érigés à la dignité de Dévas ; ils s’élèvent dans l’air, séjour des êtres de leur nature.
  6. Les Ondes sont les libations du sacrifice, qui nourrissent et entretiennent le feu. Voy. hymne XII, section II, lect. VI.
  7. En ce moment Agni est dans l’Aranî, invisible et présent.
  8. Le commentateur dit qu’il y a seize personnes occupées des soins du sacrifice, douze Adwaryous, qui marchent et agissent, et quatre Oudgatris, qui chantent les hymnes et restent assis.
  9. C’est-à-dire les Rites personnifiés.
  10. Les prêtres ont agité l’Aranî pour en extraire le feu, que le vent a excité de son souffle.
  11. C’est-à-dire né par le secours des hommes, vivant au milieu des hommes et pour leur avantage.
  12. Nous avons vu, page 63, col. 2, note 3, qu’il y avait trente-trois dieux, savoir les douze Adityas, les huit Vasous, les onze Roudras et les deux Aswins ; le commentateur, à la place des deux Aswins, met Indra et Pradjâpati. Ailleurs ces trente-trois dieux étaient considérés comme appartenant par tiers au ciel, à l’air et à la terre. Ici le nombre en est singulièrement augmenté, et le commentaire ne donne à ce sujet aucune explication. Je ne puis voir dans cette énumération que le résultat d’une addition dont les éléments, dans je ne sais quelle intention mystérieuse, auraient été disposés de cette manière.

    33
    303
    3003

    Le nombre de ces dieux pourrait encore être exprimé ainsi :

    303039