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Page:Langlois - Rig Véda.djvu/234

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[Lect. IV.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

5. Il a trois foyers[1]. Les Ondes sont trois fois présentées aux (dieux) sages, et dans les sacrifices brille le souverain roi, qui a mesuré les trois (mondes)[2]. Trois vierges[3], pures et désirables, viennent trois fois du ciel dans nos saintes assemblées.

6. Ô Savitri, trois fois chaque jour répands du haut du ciel tes dons précieux ; trois fois par jour (comble-nous de tes bienfaits). Accorde-nous une triple opulence[4]. Bhaga, sauveur opulent, donne-nous des richesses et des trésors.

7. Trois fois du haut du ciel Savitri se montre libéral. Que Mitra et Varouna, ces deux rois aux mains brillantes, que les Ondes[5], que le Ciel et la Terre, étendus et vastes, contribuent de leurs richesses aux générosités de Savitri.

8. Trois fois les airs s’enflamment de clartés vives et immortelles. On voit s’allumer les trois (feux) attachés au service du (grand) Asoura[6]. Que les Dieux justes, rapides, invincibles viennent trois fois du ciel à notre sacrifice.


HYMNE II.

Aux Viswadévas, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Qu’un (dieu) sage écoute ma Prière, qui se dirige vers lui comme une vache errante qui a perdu son gardien. Cette vache donne toujours un lait abondant, dont Indra et Agni sont amateurs.

2. Indra et Poûchan (dieux) aux mains brillantes, (à la semence) féconde, semblent avec plaisir venir du ciel goûter (ce lait) déposé (dans nos coupes). Puisque tous les dieux se plaisent avec notre (vache), ô Vasous, accordez-moi ici le bien que j’attends de vous.

3. Les vaches (de la Prière)[7], ces épouses (d’Agni), veulent obtenir une preuve de la virilité (du dieu) ; elles reconnaissent que son germe a été fécondé, et elles accourent avec un empressement respectueux près de l’enfant (lumineux) qui fait apparaître les formes.

4. Je chante le Ciel et la Terre, qui étalent tant de beautés, et dans le sacrifice j’élève ma coupe avec ma prière. (Ô Agni), que tes (flammes), qui se dressent avec éclat, (ces flammes) que nous vénérons, soient pour Manou[8] une source abondante de richesses.

5. Ô Agni, que ta langue, qui parmi les Dévas a mérité le nom d’Ouroutchi[9], (cette langue) pleine de miel et d’intelligence, vienne flatter ici tous ces (dieux) que nous appelons à notre secours ; et porte-leur nos douces libations.

6. Divin Agni, opulent possesseur de tous les biens, ta providence si variée, si dévouée, est pour (l’homme) que tu combles de tes faveurs telle que l’eau de la montagne (céleste). Fais-nous sentir cette providence, cette sagesse qui veut le bien de tous.


HYMNE III.

Aux Aswins, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. La vache qui désire l’antique (Agni), apporte son lait[10]. Le fils[11] de l’heureuse (Aurore) s’élance entre (le Ciel et la Terre). La (déesse) toute resplendissante amène l’astre lumineux. L’éloge de l’Aurore a éveillé les Aswins.

2. Les Prières se levant avec le Sacrifice se présentent devant vous comme (des enfants) devant leurs pères, et poussent votre char merveilleux. Dédaignez pour nous l’invocation de l’avare (qui vous compte ses offrandes). Nous, nous prodiguons les holocaustes ; venez à nous.

  1. Le dieu célébré dans les strophes est Agni, considéré comme existant tantôt dans le foyer, tantôt dans le ciel sous la forme du Soleil. Le Soleil, comme on sait, a trois stations comme aussi Agni a trois foyers, comme il y a trois sacrifices par jour. Voilà l’explication de ce nombre trois, répété plusieurs fois avec une application évidemment différente.
  2. Trimâtri. Voy. page 109, col. 1, note 3 ; une explication analogue a été donnée au mot dwimâtri.
  3. C’est-à-dire Ilâ, Saraswatî et Bhâratî. Voy. page 43, col. 1, note 1, et page 47, col. 2, note 1.
  4. Cette triple opulence, dit le commentaire, consiste en troupeaux, en or, en pierres précieuses.
  5. Suivant le commentateur, l’air, autarikcham.
  6. Le mot Asoura est ici pris en bonne part, et désigne Agni ou le Soleil. Les trois êtres qu’on appelle ses hommes (vîrâs) sont les trois feux des trois savanas. Le commentaire, qui a pensé que cet hymne s’adressait à Samvatsara, trouve dans les trois êtres indiqués Agni, Vâyou, Soûrya.
  7. Le commentateur voit dans ce passage une personnification des plantes qui servent aux libations, ou bien des rayons du soleil. J’ai mieux aimé y reconnaître les Prières, qui, ainsi qu’il a été dit ailleurs, sont quelquefois regardées comme les épouses des Dieux. Les épouses d’Agni contribuent à l’enfantement de la Lumière.
  8. C’est-à-dire pour l’homme.
  9. C’est-à-dire ample, étendue, allant au loin.
  10. Le poëte désigne par ces mots l’Aurore qui naît au moment du sacrifice. Ce pourrait être aussi bien la Prière du matin.
  11. C’est-à-dire le soleil.