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[Lect. V.]
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RIG-VÉDA. — SECTION TROISIÈME.

8. Ô Agni, que l’amitié fraternelle qui existe entre nous et vous autres, dieux, nous soit favorable. Notre lien commun est ici sur ce foyer, près de cette mamelle (divine).


HYMNE VII.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Puissant Agni, ton heureuse lumière brille à l’approche du Soleil. L’ombre de la Nuit la rend encore plus vive, et sur sa forme qui se dresse coule l’offrande onctueuse.

2. Ô Agni, toi qui nais tant de fois, reçois mes louanges, et par ton œuvre volontaire accomplis mes vœux. (Dieu) resplendissant et pur, accorde-nous l’abondance de biens que te demandent tous les Dévas.

3. Agni, c’est toi qui donnes naissance à ces hymnes, à ces chants, à ces prières qui attendent une heureuse issue. De toi viennent la fortune et la beauté des races, biens précieux que tu accordes au mortel qui t’honore.

4. C’est par toi que naît ce grand et rapide coursier qui porte l’offrande et que lancent les Dévas ; c’est par toi, ô Agni, qu’il naît, ce coursier merveilleux, fort, juste, riche et impétueux.

5. Immortel Agni, c’est toi que les mortels religieux invoquent le premier dans leurs prières, toi, dieu à la langue caressante, prudent ennemi du mal, toi, maître de maison, (qu’ils surnomment) Damoûnas.

5. Si tu es notre protecteur, éloigne de nous l’ignorance, le péché et la folie. Ô divin Agni, enfant de la Force, heureux le Soir celui que tu aimes ! Il est gardé par ta bénédiction.


HYMNE VIII.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Sage Agni, possesseur de tous les biens, celui qui allume tes feux, et qui, élevant la coupe (sacrée), te présente trois fois par jour la libation, doit, par l’effet de ta puissance, regorger de biens et triompher (de ses ennemis).

2. Ô Agni, celui qui prend la peine d’apporter un aliment pour ta flamme, et qui honore ta splendeur en allumant tes feux vers le soir et au lever de l’Aurore, obtient de florissantes richesses et des forces victorieuses.

3. Agni est le roi de l’homme puissant et riche[1]. Il est le maître de l’abondance et de la fortune ; flatté de l’offrande du mortel pieux, (ce dieu) toujours jeune ne cesse de le combler de biens.

4. Ô Agni toujours jeune, si, hommes que nous sommes, nous avons pu par ignorance commettre quelque faute, délivre-nous entièrement[2] du péché. Ne laisse en nous aucune prise au mal.

5. Ô Agni, en face des dieux et des mortels nous avons commis de grandes fautes. Fais que nous n’en ressentions aucune peine, nous qui sommes tes amis. Donne le bonheur à nos fils et à nos petits-fils.

6. Adorables Vasous[3], de même que vous avez délivré la Vache (du sacrifice) du lien qui l’attachait par le pied, de même aussi délivrez-nous du mal. Ô Agni, que notre vie se prolonge.


HYMNE IX.

À Agni, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le bienveillant Agni nous montre à l’orient les présents des brillantes Aurores. Venez, ô Aswins, dans la maison de (l’homme) pieux. Le divin Soleil arrive avec la lumière.

2. Le divin Savitri va s’unir à la clarté qui se lève, lançant des jets lumineux, et pareil au taureau qui s’approche de la vache. Aussitôt que

  1. Ce vers renferme le mot Kchatriya, qui ne me semble pas ici emporter l’idée de caste, mais qui signifie le possesseur du Kchatra, c’est-à-dire de la force, d’un domaine qui donne la puissance. Le commentateur rend ce mot par bala.
  2. Ce vers présente le mot aditeh, que le commentaire traduit par bhoûmeh, que je ne comprends pas. Je suppose qu’aditeh est un ablatif qui sert d’adverbe, et qui signifie entièrement, sine reliquo, ou un génitif du subtantif aditih, absence de partage. Dans ce dernier cas je traduirais ainsi : Rends-nous innocents de ne t’avoir pas donné ta part dans le sacrifice.
  3. Je n’ai pas su jusqu’à présent ce que l’on entendait précisément par cette classe de divinités appelées Vasous. Le mot Vasou, expliqué dans le commentaire par Vâsayitri, Vâsitri, et Vâsata, comporte l’idée d’un protecteur qui établit et consolide la position de son protégé. Il peut donc s’appliquer à tous les dieux ; mais il s’emploie particulièrement pour Agni. Le commentateur donne ici à ce mot le sens d’Aynayah. Les Vasous seraient donc les feux du sacrifice, qui délivrent et lâchent la vache, c’est-à-dire la flamme attachée au foyer par sa partie inférieure. Pour quel motif a-t-on, plus tard sans doute, compté huit Vasous ? Je n’en connais pas la raison, à moins que l’on n’ait vu quelque analogie entre les Vasous et les Achtadikpâlas, ou les huit gardiens du ciel.